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FISCHER JOSCHKA (1948- )

Homme politique allemand. Vice-chancelier de la République fédérale d’Allemagne et ministre des Affaires étrangères de 1998 à 2005.

Joseph (dit Joschka) Martin Fischer est né le 12 avril 1948 à Gerabronn (Bade-Wurtemberg), troisième enfant d'une famille catholique. Ses parents, des Hongrois d'origine allemande, durent quitter Budapest en 1946 et son père, employé de boucherie, assurait à la famille un niveau de vie médiocre. Ils s'installent à Fellbach, près de Stuttgart, en 1965. Le jeune Joschka se rebelle contre la messe dominicale, où il sert comme enfant de chœur, et contre le lycée, peu à l'écoute des élèves socialement défavorisés.

Il arrête prématurément ses études secondaires et entame une formation de photographe, vite interrompue. En avril 1966, il part en auto-stop pour une découverte de l'Europe qui le mène jusqu'au Koweït. La mort de son père et de sa sœur aînée, en novembre, le fait revenir. Il se marie en avril 1967 et sa première femme lui donnera deux garçons, en 1979 et 1983. Joschka est alors marchand de jouets. Très sensible à la contestation qui agite la jeunesse, il participe aux manifestations de Stuttgart contre la guerre au Vietnam, écopant d'une peine de prison de six semaines, réduite à six jours.

Au printemps de 1968, il s'installe à Francfort-sur-le-Main, le grand centre de la contestation allemande avec Berlin-Ouest. Sans être inscrit à l'université Goethe, rebaptisée « Karl Marx » par les étudiants, il suit les cours de Theodor Adorno, Jürgen Habermas et Oskar Negt – les maîtres à penser des jeunes en révolte. Véritable autodidacte, il lit beaucoup (Hegel, Marx, Lénine, Mao) et subit l'influence de Rudi Dutschke, le théoricien charismatique du mouvement étudiant. Il se lie alors d'une amitié jamais démentie avec Daniel Cohn-Bendit et il collaborera plus tard à son journal, Pflasterstrand, fondé en 1976.

Esprit pratique, soucieux d'efficacité, il veut gagner à la contestation les jeunes apprentis et les ouvriers. La guerre du Vietnam, la lutte contre la spéculation immobilière, la construction d'usines nucléaires et l'extension de l'aéroport de Francfort provoquent des manifestations qui se transforment en batailles de rue (la publication, au début de l'année 2001, de photos montrant Joschka Fischer dans des affrontements avec la police le poussera presque à démissionner de son poste de ministre). En 1971, il se fait embaucher à l'usine automobile Opel à Rüsselsheim, près de Francfort ; ses appels à la grève et à l'égalité des salaires lui valent d'être vite congédié. Il gagne ensuite sa vie comme chauffeur de taxi.

Lui qui a ouvertement prôné l'utopie révolutionnaire et la violence contrôlée contre l'État condamne sans équivoque la dérive terroriste et les assassinats commis par la Fraction armée rouge. Il ne renonce pas à son objectif de transformer le système politique de l'intérieur, mais il veut le faire en utilisant des moyens légaux. C'est le début de sa « longue marche » à travers les institutions.

Bien qu'il n'adhère qu'en 1982 au parti Die Grünen (Les Verts), fondé deux ans plus tôt, il y fait rapidement carrière. Il appartient au premier groupe de députés Verts élus au Bundestag le 6 mars 1983. Membre de la commission des affaires intérieures et directeur administratif du groupe parlementaire, il se familiarise très vite avec le fonctionnement de l'administration fédérale. Il attire tout de suite l'attention par la pugnacité et l'ironie de ses propos. Il s'affirme comme le chef de file des réalistes (les Realos), qui prônent la coopération des Verts avec les institutions et avec les sociaux-démocrates du S.P.D. ; les fondamentalistes (les Fundis) s'y opposent au contraire au nom de la pureté révolutionnaire.[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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