VALENTE JOSÉ ÁNGEL (1929-2000)
Poète et essayiste espagnol, José Ángel Valente est né le 25 avril 1929 à Orense (Galice). Loin de l'idéologie sociale ou politique qui informe l'œuvre de beaucoup de poètes de l'après-guerre civile, sa production abondante, distinguée par de nombreux prix littéraires, se place sous le signe d'une grande exigence formelle, dans une grande tension de l'écriture. Entreprise de connaissance, plus que de communication ou de dénonciation, sa poésie choisit pour objet premier le langage même, « instrument d'invention » de la vérité des êtres ou des choses. Dès son premier recueil, En guise d'espérance (A modo de esperanza, 1955), le poème s'ouvre comme un espace vierge invitant l'esprit ou la conscience à s'y épanouir, dans le silence ou la fulgurance des mots. « Je traverse un désert et sa secrète / désolation sans nom. » Les compositions de Poemas a Lázaro (1960) et La Memoria y los signos (1966) tendent à révéler le réel, non la réalité, qui n'en est qu'un aspect ou un masque. Mais l'incertitude est l'hôte de toute création : « Pour celui qui attend / l'espoir conserve un horizon... Mais revient le brouillard. » (Breve son, 1968). Les « démons de l'histoire », la satire ou la parodie critique envahissent pourtant le champ de la parole, qui ne peut à ce point s'abstraire de toute contingence (Siete Representaciones, 1967 ; Material memoria, 1979). La Fin de l'âge d'argent (El Fin de la edad de plata, 1973) contient divers récits et poèmes en prose. La poésie de Jean de la Croix, pour qui Valente a une prédilection, et les mystiques juifs ou arabes, orientent l'inspiration de Six leçons de ténèbres (Seis lecciones de tinieblas, 1980). L'érotisme et le sacré s'exaltent réciproquement dans La Mandorla (1982) et L'Éclat (El Fulgor, 1984). Le laconisme et la précision de l'écriture poétique s'intensifient à l'extrême dans Au dieu sans nom (Al dios del lugar, 1989). Les poèmes en fragments de Paysage avec des oiseaux jaunes (No amanece el cantor, 1992) disent avec pudeur le désespoir et la douleur : « Et toi, de quel côté de mon corps te trouvais-tu mon âme pour ne pas me secourir ? ». Un ton plus élégiaque et le rappel de rythmes populaires caractérisent les poèmes en langue galicienne rassemblés dans Cantilènes d'ailleurs (Cantigas de alén, 1989). Personne (Nadie, 1996) reprend et renouvelle, comme des motifs musicaux, les thèmes préférés de Valente – l'amour, l'oubli, la mort, l'être, la lumière, l'improbable...
Divers essais critiques d'une haute tenue reflètent la méditation qui a toujours accompagné la création de cet écrivain pour qui la littérature n'est pas un jeu mais une vocation sans compromis : Las Palabras de la tribu (1971) ; Ensayo sobre Miguel de Molinos (1974) ; La Piedra y el centro (1983) ; Variaciones sobre el pájaro y la red (1991). Excellent traducteur, Valente a publié des versions espagnoles des poésies de Cavafy, Montale, Paul Celan, John Donne, Hopkins, Jabès.
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Écrit par
- Bernard SESÉ : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española
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