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CABANIS JOSÉ (1922-2000)

Né à Toulouse en 1922, José Cabanis fait ses études dans cette ville. De 1943 à 1945, il est requis au titre du S.T.O. en Allemagne. En 1952, il publie son premier roman, L'Âge ingrat, que prolongeront L'Auberge fameuse (1953) et Juliette Bonviolle (1954). Du prix Renaudot qui lui est décerné à l'unanimité au premier tour, en 1966, pour La Bataille de Toulouse à l'Académie française, où il est élu en 1990, la reconnaissance ne lui a pas été mesurée. Mais ses racines provinciales, catholiques, et sa formation de juriste (il fit la majeure partie de sa carrière à Toulouse comme expert auprès des tribunaux) l'ont toujours tenu éloigné du cœur de la vie littéraire. D'où la distance et l'acuité d'une observation de moraliste qui se déploie aussi bien dans le tableau des mœurs de la vie de province – dans le Sud-Ouest où se situe l'action du cycle autobiographique de L'Âge ingrat – que dans de remarquables essais historiques (Le Sacre de Napoléon, 1970 ; Charles X, roi ultra, 1972). La part prise par l'essai (Jouhandeau, 1959 ; Mauriac, le roman et Dieu, 1991 ; Pour Sainte-Beuve, 1995), l'étude et l'histoire (Saint-Simon l'admirable, 1974) ira d'ailleurs croissant chez lui.

Au début de son œuvre romanesque, José Cabanis n'innove guère, malgré son talent d'écrivain classique, par rapport à la filiation d'un genre illustré notamment par Les Thibault de Roger Martin-du-Gard, ou Les Pasquier de Georges Duhamel. Mais au fil de son évolution, l'affabulation poétique et l'entrecroisement de la confidence et de l'histoire lui permettent de donner toute la mesure de son talent comme dans La Bataille de Toulouse. Sur un thème voisin d'Albertine disparue, la trahison et les mensonges de l'amour, le narrateur tisse un subtil contrepoint entre la souffrance que lui inflige Gabrielle, insaisissable, infidèle, sensuelle sans réticence, et son travail d'écrivain, en l'occurrence le récit de la bataille de Toulouse qui opposa Soult et Wellington en 1812. Tout au long de son œuvre, l'accent très personnel de José Cabanis se reconnaît à la musicalité d'une prose, où la recherche du bonheur n'est pas séparable de la mélancolie, parce que les souvenirs de l'enfance et de l'adolescence ont à jamais rendu illusoires les plaisirs de l'amour. En même temps, l'exercice de l'écriture tend un voile entre la conscience et l'appréhension du présent le plus comblé. On ne s'étonnera pas que, après avoir tenté de se dévoiler dans la publication de plusieurs volumes de son journal intime (L'Escaladieu, 1987) en analysant son évolution vers la foi, Cabanis se soit penché avec perspicacité dans Dieu et la N.R.F. (1994), puis dans Le Diable et la N.R.F. (1996) sur la complexité psychologique des principaux animateurs de la N.R.F. des temps héroïques : Gide, Martin-du-Gard, Schlumberger, Ghéon, et sur leur rapports au sacré.

— Alain CLERVAL

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