CADALSO JOSÉ (1741-1782)
Préoccupation sociale et souci de vérité
L'intérêt majeur de cette façon d'approcher la réalité nationale réside sans doute dans l'importance accordée au « social » : cette préoccupation ravive à tout moment et diversifie la réflexion critique et inquiète de Cadalso. Certes, en attribuant son témoignage à un voyageur étranger (Gazel Ben-Aly, l'auteur supposé est un Marocain qui écrit sur l'Espagne à un autre Marocain, son ami Ben Beley), en réutilisant ainsi un procédé devenu presque conventionnel, l'écrivain désirait prendre ses distances, traiter du pittoresque aussi bien que des idées ; mais il retenait surtout un moyen de varier constamment les points de vue sur la société espagnole, pour arriver peut-être, à force de débats et de confrontations, à une vision « impartiale » de l'Espagne, susceptible de servir à ses compatriotes. Cadalso aspirait à découvrir et à montrer la vérité de son pays et de son temps, mais il voulait que cette vérité fût profitable, que la méditation fût utile. Influence des jésuites, du milieu familial ou d'une époque ? Cette volonté utilitaire, poussée parfois jusqu'à l'outrance, l'entraîna à défier l'Inquisition, à se heurter à la censure, car pour être utile il faut être vrai, et donc dénoncer des inconséquences, des vices, des contradictions.
Les Lettres attendirent quinze ans avant d'être publiées (1793).
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Écrit par
- Eutimio MARTÍN : lecteur à la faculté des lettres et sciences humaines de Nice
- René PELLEN : ancien élève de l'École normale supérieure, docteur d'État, maître assistant à l'université de Poitiers
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