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ECHEGARAY JOSÉ (1832-1916)

Ingénieur, économiste, ministre des Finances, le dramaturge espagnol José Echegaray connaît une carrière sociale brillante. En 1904, il partage le prix Nobel de littérature avec Frédéric Mistral. Mais le lauréat est honni par les jeunes écrivains. À l'époque où le réalisme prédomine dans le roman, son théâtre s'appuie sur le romantisme le plus échevelé. Passions adultères, cas de conscience, duels, suicides, situations invraisemblables, déroulement mécanique de l'intrigue, enflure du langage, conformisme de l'idéologie, tels sont les ingrédients de ces mélodrames qui obtinrent, en leur temps, joués par de grands acteurs, un immense succès. Aujourd'hui la critique juge qu'ils frisent le ridicule ou le grotesque. Echegaray a pourtant connu son heure de célébrité.

L'œuvre est abondante : elle compte soixante-quatre pièces. Elle comprend d'abord des drames historiques : La Esposa del vengador (L'Épouse du vengeur, 1874) ; En el puño de la espada (À la poignée de l'épée, 1875) ; En el seno de la muerte (Au sein de la mort, 1879). Des thèmes religieux – liés à la haute figure de Miguel Servet – sont traités dans La Muerte en los labios (La Mort sur les lèvres, 1880) ; Dos Fanatismos (Deux Fanatismes) ; O locura o santidad (La Folie ou la sainteté, 1877).

El Gran Galeoto (Le Grand Galléhaut, 1881), drame en trois actes et en vers, précédé d'un prologue, fut l'œuvre d'Echegaray la plus représentée. L'argument est emprunté à Dante. Ernesto, fils adoptif de don Julián, un noble gentilhomme, est soupçonné d'avoir commis l'adultère avec l'épouse de celui-ci, Teodora. La calomnie colportée par le Grand Galléhaut (la société avec ses regards furtifs et ses médisances) provoque la catastrophe : la mort de don Julián et la fuite des deux amoureux. La Duda (Le Soupçon, 1891), inspiré de Maeterlinck, traite aussi de l'honneur, motif cher à l'auteur.

L'observation critique, mais peu clairvoyante, de la société contemporaine a inspiré d'autres pièces : El Dios loco (Le Dieu fou, 1900) d'après un drame d'Ibsen ; Un crítico incipiente (Un critique débutant, 1901), sur la sottise et la vanité des rédacteurs de gazettes ; El Hijo de don Juan (Le fils de don Juan, 1892) sur le thème de la folie, à nouveau inspiré d'Ibsen ; A fuerza de arrastrarse (À force de se traîner, 1905), dénonciation de l'hypocrisie. Si la postérité minimise grandement la gloire du dramaturge, son théâtre, à défaut de génie, n'en reflète pas moins la mentalité du public qui l'applaudissait.

— Bernard SESÉ

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

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