FERREIRA DE CASTRO JOSÉ MARIA (1898-1974)
Romancier portugais dont l'œuvre abondante dénonce avec générosité la condition misérable des exploités et s'inspire avec réalisme des souvenirs d'une expérience mouvementée. Né dans un petit village du nord du Portugal, Salgueiros, d'une famille très pauvre, José Maria Ferreira de Castro part, dès l'âge de douze ans, pour le Brésil et travaille quelques années dans des conditions très dures comme seringueiro (résinier) dans une exploitation de caoutchouc sur les rives du rio Madeira. C'est dans la forêt qu'il écrit son premier roman, Criminoso por ambição.
Après avoir exercé plusieurs métiers à Belém, il se lance dans le journalisme. À vingt et un ans, il se fixe à Lisbonne où, malgré la misère, il continue avec acharnement d'écrire pour les journaux ; il fonde quelques revues, fait éditer quelques ouvrages. Dans les années de l'après-guerre ses œuvres se multiplient : O Êxito facil, Sangue negro (1923), Le Pèlerin du Nouveau Monde (O Peregrino do mundo novo, 1926), O Vôo nas trevas (1927), A Casa dos móveis dourados (1927), A Epopeia do trabalho (1926).
À la révolte et au style imagé de la première période succède une attitude plus objective et plus fraternelle. Emigrantes (1928) lui donne une renommée internationale. Puis, en 1930, il publie son second chef-d'œuvre, un autre roman en grande partie autobiographique lui aussi, Forêt vierge (A Selva), auquel il doit une gloire mondiale et qui sera traduit en français par Blaise Cendrars. Il y décrit « ces fleuves de l'Amazonie aux richesses légendaires sur les rives perdues desquelles des hommes, isolés du monde civilisé, trimaient comme des bagnards pour la conquête de cet or maudit, l'or noir, la sève des caoutchoutiers... » D'autres romans suivent, affirmant un talent maîtrisé au style plus souple, au vocabulaire plus riche et nuancé : Eternidade (1933), Terre froide (Terra fria, 1934), A Lã e neve (1947), traduit en français sous le titre Les Brebis du Seigneur. De ses nombreux voyages en compagnie de son épouse Elena Muriel, une artiste peintre espagnole, Ferreira de Castro a rapporté quelques ouvrages remarquables marqués du souci d'évoquer le travail des prolétaires et de dénoncer les méfaits du colonialisme : Pequenos Mundos, velhas civilizaçães (1937) et surtout A Volta ao mundo (1944). Dans les dernières œuvres, la vie intérieure des personnages s'enrichit et s'affine : A Curva da estrada (1950), Mourir peut-être (O Instinto supremo, 1970).
Considéré, avant Steinbeck, Dos Pasos ou Hemingway, comme l'un des précurseurs de la littérature sociale, Ferreira de Castro, qui fut l'un des écrivains portugais les plus lus de son temps, exerça une influence profonde sur les générations suivantes qu'il orienta dans le sens du néo-réalisme.
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Écrit par
- Bernard SESÉ : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española
Classification
Autres références
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PORTUGAL
- Écrit par Roger BISMUT , Cristina CLIMACO , Michel DRAIN , Encyclopædia Universalis , José-Augusto FRANÇA , Michel LABAN , Jorge MORAÏS-BARBOSA et Eduardo PRADO COELHO
- 39 954 mots
- 24 médias
...Ferreira de Castro, pourvu d'une grande sensibilité sociale, qui doit sa notoriété internationale à la traduction que Cendrars a faite de La Forêt vierge ; José Gomes Ferreira, qui, à travers une poésie et une fiction sensibles aux drames de son temps, est devenu une personnalité tutélaire du néoréalisme des...