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MARTÍ JOSÉ (1853-1895)

Homme d'action, intellectuel aux talents multiples, penseur politique aux accents prophétiques, Martí fut considéré, un siècle après la guerre d'indépendance de 1868, comme l'apôtre de la jeune révolution cubaine.

Nombre de critiques compétents voient dans Martí le principal précurseur du mouvement littéraire appelé modernismo et dirigé par l'écrivain Rubén Darío. Les rapports entre Martí et Darío constituent, sans nul doute, un dialogue essentiel dans la littérature latino-américaine du xixe siècle ; il n'en reste pas moins qu'il faut détacher l'œuvre de Martí du courant moderniste si l'on veut en découvrir la véritable originalité. C'est d'abord au regard de son inlassable activité révolutionnaire qu'il faut tenter d'en éclairer les thèmes fondamentaux : « Il est un fondateur, un poète, un savant parce qu'il est un dirigeant révolutionnaire. »

L'homme d'action

José Martí est né à La Havane où son père était un modeste sergent d'artillerie. Pour subvenir aux besoins familiaux, Martí devient, très jeune, commis d'épicerie, en même temps qu'il poursuit ses études. Il est l'élève très brillant de Rafael María Mendive, son père spirituel et, dès 1867, la presse cubaine se fait l'écho de ses remarquables succès scolaires.

En 1869, sous la direction de Mendive, Martí fait paraître le premier numéro de La Patrie libre : la révolution de 1868 vient d'éclater. Martí a seize ans lorsqu'il se fait arrêter et condamner à six ans de travaux forcés pour avoir tourné en dérision les « volontaires » de l'armée coloniale et insulté le drapeau espagnol. Il bénéficie, en 1871, d'une mesure de grâce et il est déporté en Espagne. Il poursuit ses études à l'Université centrale de Madrid et termine une licence de droit ainsi qu'une licence de philosophie.

En 1875, Martí revient en Amérique latine : il vivra au Mexique, au Guatemala et au Venezuela. Journaliste et enseignant, il multiplie les voyages et fait de courts séjours à Cuba d'où il est à nouveau exilé, en 1879, pour « menées conspiratrices ». Dans les années qui suivent, il poursuit ses activités à la fois politiques et littéraires ; il affirme ses dons d'orateur en participant à divers meetings et conférences, et certains gouvernements d'Amérique latine lui confieront même des tâches diplomatiques.

À partir de 1884, Martí se consacre plus âprement à son « projet révolutionnaire ». Il prend contact avec les deux chefs militaires les plus prestigieux de la guerre des Dix Ans, Máximo Gómez et Antonio Maceo. Martí s'efforce, en outre, d'assurer au Parti révolutionnaire cubain, dont il est l'un des fondateurs, de solides assises politiques et financières. « Seuls un courage, une constance, une intelligence et une fermeté exceptionnels peuvent permettre à un homme d'incarner la volonté de tout un peuple à un moment de son histoire. Plus rares encore sont les qualités qui en font le représentant permanent de la vocation de souveraineté, de l'esprit de lutte et de la tradition révolutionnaire d'une nation. Tel est le cas de Martí. » Ainsi s'exprime Gramma, le principal quotidien cubain. Fidel Castro lui-même, dans sa célèbre péroraison L'Histoire m'acquittera, revendique, en octobre 1953, le patronage de José Martí : « Il vit, il n'est pas mort, son peuple est rebelle, son peuple est digne, son peuple est fidèle à son souvenir... Cuba, que deviendrais-tu si tu avais laissé mourir ton apôtre ! »

Le 25 mars 1895, Martí entreprend avec Maceo la rédaction du fameux Manifiesto de Montecristi, dans lequel il exprime ses idées révolutionnaires, puis rejoint, après maintes péripéties, les côtes cubaines. L'armée de libération le nomme major général. Le délégué du[...]

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Écrit par

  • : professeur au département des sciences politiques de l'université de Paris-I

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