MONTALVO JOSÉ (1954- )
Un langage bariolé
Les chorégraphies du tandem Montalvo-Hervieu sont éminemment cocasses. Ce sont des danses spontanées, fraîches et néanmoins virtuoses, qui se confrontent à des images oniriques et facétieuses. Le montage est si précis que la scène se transforme en un univers parallèle où l’on ne distingue plus l’image virtuelle de la présence charnelle des danseurs. Le tout est enlevé à un rythme étourdissant, parsemé de gags visuels, tandis que se succèdent danseuse classique chevronnée, virtuose du hip-hop, flamenquistes époustouflantes, danseuse africaine vibrante... Loin des modes, la compagnie Montalvo-Hervieu triomphe par sa liberté de ton et sa simplicité. Pour eux, le vieux débat entre tradition et modernité est obsolète : leur gestuelle sans feu ni lieu, nomade, s’ancre dans un présent qui récapitule toutes les origines et toutes les histoires. Leur danse est jubilatoire, chatoyante, mouvementée, et leurs chorégraphies de purs moments de plaisir. Cette esthétique festive et éclatée convie le public à partager un moment de légèreté divertissante, sous-tendu par une utopie humaniste.
En 2006, José Montalvo et Dominique Hervieu reçoivent le prix S.A.C.D. (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) de la chorégraphie pour l’ensemble de leur œuvre. En juin 2008, ils acceptent la direction du Théâtre national de Chaillot. Orphée et Lalala Gershwin y voient le jour en 2010 et scellent leurs dernières créations communes avant le départ de Dominique Hervieu pour la direction de la Maison de la danse et la Biennale de Lyon. José Montalvo poursuit, au côté de Didier Deschamps, ses missions au Théâtre national de Chaillot autour de ses propres créations et en faveur d’événements qui contribuent à renouveler le rapport de l’institution avec ses publics.
Il crée en 2013 le très remarqué Don Quichotte duTrocadéro, dont le succès donne lieu à une reprise en 2014. Dans cette première œuvre assumée seul, il revendique non seulement une danse métissée qui se nourrit de l’héritage classique d’un Marius Petipa qu’il détricote et remixe dans un spectacle total. Mais absurde à souhait, il assume aussi son passé et son amour de la truculence d’un Cervantès, associe toutes sortes de techniques gestuelles à des séquences filmées dans le métro dans d’hilarants hiatus chorégraphiques. « Tolérance esthétique et relativité des langages » étaient ses maîtres mots quand il a été nommé à Créteil. Depuis lors, José Montalvo n’a fait que conforter cette devise.
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Écrit par
- Agnès IZRINE : écrivaine, journaliste dans le domaine de la danse
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Autres références
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HERVIEU DOMINIQUE (1962- )
- Écrit par Agnès IZRINE
- 1 040 mots
En 1981, Dominique Hervieu fait l'une des rencontres les plus déterminantes de sa carrière en la personne du chorégraphe José Montalvo. De 1982 à 1985, tous deux élaborent un style singulier qui deviendra leur marque de fabrique : une danse légère et virtuose à la croisée de plusieurs techniques,...