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FOERSTER JOSEF BOHUSLAV (1859-1951)

Le compositeur tchèque Josef Bohuslav Foerster (son nom est parfois orthographié Förster) naît à Prague le 30 décembre 1859. Son père, Josef Foerster (1833-1907), organiste, compositeur et théoricien, est son premier professeur. Il étudie au conservatoire de Prague et commence sa carrière comme organiste, en particulier à Saint-Adalbert (1882-1888), puis comme professeur de chant et chef de chœur ; il est aussi critique musical du quotidien Národní Listy. En 1893, il suit à Hambourg son épouse, la soprano Berta Foerstrová-Lautererová (qui adoptera à Vienne Berta Foerster-Lauterer comme nom de scène), qui vient d'être engagée par Gustav Mahler à l'Opéra de la métropole hanséatique. Foerster enseigne au conservatoire de Hambourg et devient assistant de Mahler à l'Opéra. En 1903, le couple part pour Vienne. Foerster y poursuit ses activités de professeur, au Nouveau Conservatoire, et de critique, en particulier au quotidien Die Zeit ; il fréquente Richard Strauss et Mahler. En 1919, il regagne Prague, où il a été nommé professeur au conservatoire. Il dirigera cet établissement entre 1922 et 1931. Il meurt à Nový Vestec, en Bohême, le 29 mai 1951.

Témoin des bouleversements tant historiques qu'esthétiques de la fin du xixe siècle jusqu'au mitan du xxe, le catalogue de Foerster reflète bien évidemment son extraordinaire longévité : 190 opus touchant tous les genres, avec une prédilection pour la musique symphonique, la musique concertante et la musique chorale, sur laquelle sa renommée s'est d'ailleurs établie : il a écrit plusieurs cantates, un stabat mater, quatre messes, dont une messe glagolitique. La nature recueillie et lyrique, introvertie et subjective de ce créateur s'exprime le plus parfaitement dans ses cinq symphonies, échelonnées entre 1890 et 1929 (citons en particulier sa Quatrième Symphonie op. 54 dite « Pâques », 1905), et dans ses nombreux poèmes symphoniques (notamment son op. 93, Printemps et désir, 1915). Il a composé six opéras : Debora (1893), Eva (1899), assurément le plus achevé, Jessika (1905, fondé sur Le Marchand de Venise, et qui en prendra ultérieurement le titre, Kupec benátský), Nepřomoženi (« Les Forces invincibles », 1919), Srdce (« Le Cœur », 1923), Bloud (« Le Simplet », 1936). Dans sa musique de chambre, il faut au moins retenir sa Sonata quasi una fantasia pour violon et piano, op. 177.

Attaché à la tradition, Foerster est le dernier représentant de l'école romantique tchèque, dans la lignée de Dvořák et de Smetana. Mais il assure, grâce à ses recherches mélodiques, harmoniques et rythmiques, influencées par la musique de Mahler, la transition vers la musique tchèque moderne. C'est à lui en outre que l'on doit le renouveau de la musique chorale tchèque. Son œuvre, très riche d'inspiration, rencontre cependant peu de succès en France, où son lyrisme méditatif, son mysticisme et son héroïsme ont du mal à s'acclimater.

Le talent de Josef Bohuslav Foerster s'est également exprimé en peinture et en littérature. Homme cultivé, il s'intéressera, sa vie durant, tout autant au théâtre qu'à la chimie.

— Alain FÉRON

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Écrit par

  • : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio

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