HOFFMANN JOSEF (1870-1956)
Né en Moravie, Hoffmann commença par étudier l'architecture à Vienne auprès d'Otto Wagner, dont les théories rationalistes devaient exercer sur lui une influence décisive. Très tôt, il manifesta de l'intérêt pour la décoration et les arts appliqués : de 1899 à 1937, il est professeur à l'École des arts appliqués de Vienne, et en 1903, en collaboration avec Kolo Moser, il met sur pied le célèbre Atelier viennois (Wienerwerkstätte, 1903-1932), qui produisent toutes sortes d'objets d'usage courant et participent fréquemment à l'aménagement intérieur des bâtiments de Hoffmann ; des intérieurs conçus par Hoffmann, seul subsiste le palais Stoclet à Bruxelles. En 1897, il fonde avec le peintre Gustav Klimt et quelques autres la Sécession viennoise, qui organise de grandes expositions. C'est d'ailleurs comme architecte d'expositions que Hoffmann pourra travailler le plus librement : pour la Sécession, l'aménagement intérieur de cinq expositions et de nombreuses salles dans d'autres manifestations ; les pavillons autrichiens de l'exposition internationale de Rome en 1911, de Paris en 1925, du Werkbund de Cologne en 1914 et de la biennale de Venise en 1932.
Son activité d'architecte commence au tout début du siècle, avec deux villas d'artistes à Vienne (Moll en 1900 et Henneberg en 1901), dans lesquelles se manifeste déjà l'influence de l'école de Glasgow (Voysey et Mackintosh plus particulièrement). Cette influence s'accentue encore après un voyage en Écosse et le conduit vers un style architectural de plus en plus dépouillé, qu'on a pu qualifier de « protocubique ». Ainsi dans le sanatorium de Purkersdorf (1903-1905) : le bâtiment est à base de volumes cubiques surmontés d'un toit plat ; sur les façades de stuc blanc, aux fenêtres sans encadrement, les détails ornementaux sont réduits au strict minimum ; l'intérieur est fonctionnel, entièrement conçu par Hoffmann (jusqu'aux chaises) et exécuté par les Wienerwerkstätte.
Le chef-d'œuvre de Hoffmann, le palais Stoclet à Bruxelles (1905-1911), est, aux yeux de H. R. Hitchcock, « l'une des grandes maisons les plus cohérentes et les plus notables du xxe siècle en Europe » ; il allie la monumentalité à une élégance raffinée. La composition, asymétrique, est clairement articulée. Un grand bloc rectangulaire haut de trois étages, dominé par la tour qui coiffe la cage d'escalier vitrée sise sur la droite, sur lequel viennent se greffer divers éléments : une bow-window haute de deux étages immédiatement à gauche de l'entrée ; sur le côté droit, un pont surmonté d'une pergola (l'accès aux bureaux) ; sur le côté gauche, un petit bloc rectangulaire terminé en arrondi (le salon de musique) ; enfin, côté jardin, deux protubérances angulaires contrastant avec une façade concave. Toutes les façades, très sobres, sont revêtues de plaques de marbre blanc et animées de nombreuses fenêtres régulièrement espacées. Les surfaces planes sont soulignées par des cadres de métal moulé, ce qui, avec la cage d'escalier vitrée, confère une fragile élégance à l'ensemble. La salle à manger, réalisée par les ateliers, renferme les fameuses compositions de marbre et de pierres semi-précieuses réalisées d'après des dessins de Klimt (Attente et Accomplissement).
Dans les années qui suivirent, Hoffmann bâtit des douzaines de villas à Vienne, parmi lesquelles les villas Ast (1909-1910) et Primavesi (1913) se distinguent par leur style néo-classique teinté de fantaisie Biedermeier. En 1912, il commence la construction d'un lotissement à Vienne-Kaasgraben, mais les travaux seront interrompus par la guerre. À partir de 1920, il est employé par la municipalité viennoise, mais sa production architecturale se trouve désormais bien en retrait[...]
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Écrit par
- Yve-Alain BOIS : professeur d'histoire de l'art à l'université Harvard
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