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ZAWINUL JOSEF JOE (1932-2007)

Né au confluent des multiples cultures qui irriguent l'Europe centrale, Josef Zawinul fait partie de ces musiciens qui refusent les frontières, qu'elles soient esthétiques ou instrumentales. Il a exercé une influence décisive sur l'évolution des couleurs sonores de notre temps en réalisant une délicate alchimie qui mêle jazz et musiques traditionnelles du monde entier.

Josef « Joe » Zawinul voit le jour le 7 juillet 1932 à Vienne (Autriche), dans une famille qui conjugue des origines hongroises, tchèques et tziganes. Il grandit dans une ferme proche de sa ville natale. Encore enfant, il s'initie en autodidacte à la clarinette et à l'accordéon. Dès ses sept ans, ses dons manifestes lui permettent d'entrer au Conservatoire de Vienne, où il fréquente les classes de piano – sans pouvoir le pratiquer chez lui, ses parents n'ayant pas les moyens d'acquérir l'instrument –, de violon et de clarinette. Il s'exprime également au vibraphone et à la trompette basse. C'est par la radio et le cinéma qu'il découvre le jazz. Fuyant les bombardements qui frappent Vienne en 1944, il se réfugie en Tchécoslovaquie où il peut enfin pratiquer le piano tous les jours. De retour dans la capitale, il dirige une petite formation qui anime fêtes et mariages. En 1952, il entre dans l'orchestre de Hans Koller et fait la connaissance, au Hot Club de Vienne, de Friedrich Gulda, un très étonnant pianiste qui nourrit une même passion pour les partitions classiques et les improvisations jazz. Il participe alors à plusieurs groupes autrichiens – Horst Winter (1954), Johannes Fehring (1954-1956) – et figure dans le Fatty George Two Sound Band où il tient la trompette basse, le piano et le vibraphone tout en signant les arrangements de l'ensemble. À cette époque, il tourne avec un trio dans les bases militaires américaines de toute l'Europe. Friedrich Gulda, de retour des États-Unis, lui cède une partie de la commande que lui fait la radio autrichienne. Joe Zawinul forme à cette occasion son premier groupe avec la collaboration de Karl Drevo, qui maîtrise à la fois la clarinette, le saxophone ténor et le piano. Il découvre également les possibilités du synthétiseur.

Grâce à une bourse, il émigre aux États-Unis et peut s'inscrire à la Berklee School of Music de Boston. Les rencontres fructueuses se multiplient – Wibur Ware, Louis Hayes, Babs Gonzales –, le trompettiste Jimmy Zito le choisit comme partenaire. George Wein, patron du renommé Club Storyville, l'appelle pour remplacer au pied levé le pianiste indisponible du trio qui accompagne Ella Fitzgerald. Le succès est tel qu'il est rapidement engagé par le trompettiste Maynard Fergusson. Avec Slide Hampton, il écrit les arrangements qu'utilise une formation que rejoignent bientôt Wayne Shorter, Richard Williams, Don Ellis et Bill Chase. Il l'abandonne pour suivre la chanteuse Dinah Washington qui le retiendra auprès d'elle jusqu'en 1961. On le remarque parmi les musiciens qui entourent Joe Williams. Il entre en 1961 dans le quintette de Cannonball Adderley et lui restera fidèle jusqu'en 1971. C'est avec lui qu'il enregistre en 1967 son premier grand succès commercial, « Mercy, Mercy, Mercy ». Il pratique les claviers électriques utilisés par le rock et introduit ces couleurs nouvelles dans la palette sonore du jazz. Au concert comme au disque, il donne la réplique à des personnalités aussi diverses que Yusef Lateef, Coleman Hawkins, Clark Terry, Ben Webster, Olivier Nelson, Charlie Rouse, Jimmy Forrest, Ernie Wilkins, Victor Feldman, Roy Haynes, Philly Joe Jones, Thad Jones, Jay Jay Johnson ou Curtis Fuller. Vienne le rappelle en 1966 pour être membre d'un jury. Il enregistre alors sur place et avec son auteur le concerto pour deux pianos et orchestre de Friedrich Gulda. Miles Davis, qui le connaît[...]

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