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LANNER JOSEF (1801-1843)

Lorsqu'on parle de valses viennoises, on pense à la dynastie des Strauss, mais rarement au garçon mince et blond que fut Josef Lanner, né et mort à Vienne. C'est lui qui donna aux pas classiques (Deutschen et Ländler) le rythme et l'accélération de cadence d'où est issue la valse. Il donna un titre à chacune de ses œuvres, car lui seul comprit qu'une création musicale devait porter un nom qui permettrait au public de l'associer à quelque chose. Quand Josef naît dans cette banlieue viennoise de Saint-Ulrich, le père, gantier de son état, espère bien voir son fils prendre sa succession dans la boutique. Après quelques années, la famille connaît une aisance bourgeoise, et le père emmène souvent son fils avec lui à l'auberge voisine, pour écouter l'orchestre de Michael Pamer. Ce dernier est un Viennois original, un chef plein de tempérament et quelque peu ivrogne, mais c'est un brillant violoniste qui impressionne le public. Le jeune Josef trouve la musique à son goût et se montre musicalement doué. En 1811, c'est la grande banqueroute de l'État et l'indigence pour une grande part de la population. Le père de Josef Lanner se demande à présent ce qu'il doit faire de son fils. Pour la profession de gantier, Josef n'a aucun talent ; il souhaite devenir musicien mais cela est impensable. En 1815, le père confie le jeune homme à l'école technique pour apprendre pendant peu de temps le métier de ciseleur. Josef, qui joue déjà du violon d'une façon charmante, entre dans l'orchestre de Michael Pamer. Mais, dégoûté par l'ivrognerie de ce dernier, il fonde avec deux musiciens bohémiens, les frères Drahanek, un trio de musique de danse et de divertissement qui joue pour la première fois en public au printemps de 1819. Par la remarquable exactitude de leur jeu d'ensemble et grâce aux premières compositions de Lanner, le trio rencontre le succès. Bientôt le jeune Johann Strauss va venir les rejoindre. Leur notoriété est rapide ; de quatuor, l'ensemble devient un petit orchestre de douze exécutants : Strauss est premier violon, Lanner chef d'orchestre. En 1825 Lanner n'arrive plus à satisfaire toutes les demandes des salles de bal viennoises. Il divise son orchestre, gardant la direction d'une moitié, confiant l'autre à Strauss. Un incident éclate entre eux et ils se séparent. Lanner, âme naïve, en compose sa Valse de la séparation. Quatre ans plus tard, en 1829, il est nommé directeur de la musique de la Cour. Il a écrit deux cent sept œuvres répertoriées, plus une vingtaine d'autres n'ayant aucun numéro d'opus, et deux œuvres de scène, La Naissance de Polichinelle et Le Prix d'une heure de vie, qualifiées de charmantes en leur temps, mais qui disparurent bien vite du répertoire.

En 1839, Lanner est au faîte de sa célébrité. Dans les dernières années de sa vie, il compose ses pièces les plus célèbres : Les Romantiques, valse op. 141, les Danses des bals de la Cour, op. 161, Les Schönbrunnois, op. 200. Au début du mois d'avril 1843, il attrape le typhus et en meurt. Vienne lui rend de grandioses honneurs funèbres. À la valse, qui ne voulait être qu'une danse, il a donné une mélodie profonde. Ses compositions gardent l'esprit de son temps, don de sa ville natale, et peuvent passer pour un document culturel de l'époque Biedermeier. Elles révèlent un génie qui a l'art de l'instrumentation et dévoile beaucoup de sentiment et de grandeur.

— Adolf SIBERT

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Écrit par

  • : président fondateur de l'Association française des amis de Johan Strauss et des maîtres du divertissement

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