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SVOBODA JOSEF (1920-2002)

Josef Svoboda est un des grands scénographes de la deuxième moitié du xxe siècle. Artiste de théâtre ingénieur, il a réalisé près de sept cents scénographies en Tchécoslovaquie, en Europe et aux États-Unis. Son nom est depuis longtemps immortalisé sur les scènes du monde entier par les rampes à basse tension et faisceaux très serrés qu'il a inventées, appelées par les éclairagistes des « svobodas ».

Né le 10 mai 1920 à Časlav en Bohème, il apprend le métier de menuisier avec son père. À cette expérience fondatrice de l'artisanat et du contact avec le matériau s'ajoutent des études à Prague à l'école d'architecture intérieure, puis à l'École supérieure des arts décoratifs, et surtout l'enseignement de Frantisek Tröster, collaborateur de Jirí Frejka, piliers de la scène tchèque des années 1930. Il réalise ses premiers décors dès 1943. Après la guerre, il entre en 1946 au Théâtre national de Prague, dont il deviendra bientôt le directeur technique, et où on lui offre la possibilité de transformer les ateliers de décors en laboratoire de recherche. Il travaille avec Václav Kašlik, Jindřich Honzl, et commence une collaboration de longue durée avec Alfréd Radok et Otomar Krejca (La Mouette, 1960). Il suivra ce dernier au théâtre Za Branou (Les Trois Sœurs, 1966 ; Lorenzaccio, 1969).

En 1958, il réalise avec Radok la Laterna Magika pour le pavillon tchécoslovaque de l'Exposition universelle de Bruxelles. Il y présente le Polyécran de son invention. Il applique au théâtre ce procédé (des projections éclatées sur un ensemble d'écrans) en 1959 (Leur Jour de Josef Topol). À l'Exposition universelle de Montréal en 1967, il le développera avec la Polyvision.

À partir de 1963, il est invité à l'étranger, expose ses travaux (Centre Georges-Pompidou, 1992), dirige des séminaires. Il devient en 1973 directeur artistique de la Laterna Magika, scène multimédia d'abord rattachée au Théâtre national de Prague, où Le Cirque enchanteur (1977) sera représenté plus de 2 500 fois. Fasciné par la musique, il participe très tôt aux spectacles du Grand Opéra du 5-Mai, et réalise de grandioses compositions pour V. Kašlik. Dans les hauts lieux lyriques d'Europe, il donne ses visions de Verdi, Janaček, Prokofiev, Berg, Smetana, Stravinski et surtout Mozart ou Wagner dont il traite presque toutes les œuvres (La Tétralogie, Orange, 1988).

À la suite d'Appia, de Craig, des constructivistes russes, de l'avant-garde tchèque, Svoboda conçoit l'espace théâtral de façon dynamique. Par la lumière, les formes, les matières, les couleurs, il organise avec rigueur et fluidité, pour chaque mise en scène, un « espace psycho-plastique » spécifique, de façon à révéler le sens de la pièce sans l'illustrer. Ses dispositifs se transforment avec l'action scénique qu'ils accompagnent, soutiennent ou intensifient. Il anime et module par la lumière escaliers, boîtes, panneaux, praticables, il les tamise avec des voiles et des rideaux, les agrandit à l'aide de miroirs et de projections. Infatigable chercheur, Svoboda s'intéresse à toutes les techniques d'éclairage (sources de lumière, mais aussi matériaux réfléchissants ou absorbants) qui lui permettent de peindre – sa toute première vocation – directement dans l'espace, comme il le dit lui-même. Il utilise la photographie projetée et la vidéo (Intolleranza 1960 de Luigi Nono, Venise, 1961, Boston, 1965), le film (Les Soldats de B. A. Zimmermann, Munich, 1969), s'empare du laser (La Flûte enchantée, Munich, 1970) et des technologies numériques (Le Piège, Laterna Magica, 1999). Il fait varier à l'infini les formes et les textures des écrans et des surfaces de projection.

En dehors des meilleurs metteurs en scène de Tchécoslovaquie, il collabore avec Götz Friedrich[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur du Laboratoire de recherche sur les arts du spectacle

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