BENOÎT XVI JOSEPH RATZINGER (1927-2022) pape (2005-2013)
Parcours d’un théologien : de Vatican II à la Congrégation pour la doctrine de la foi
En 1945, il entre au grand séminaire et suit les cours de philosophie à Freising, près de Munich, et ceux de théologie à l'université de la capitale bavaroise. Stimulé par l'esprit d'ouverture qui souffle dans ces institutions, il s'intéresse particulièrement aux courants philosophiques contemporains, comme le personnalisme d'Emmanuel Mounier et de Karl Jaspers, l'existentialisme de Martin Heidegger, ainsi qu'à la théologie française de l'« école de Fourvière », foyer intellectuel lyonnais du catholicisme social marqué par la figure du théologien jésuite Henri de Lubac. Ordonné prêtre en 1951, il occupe tout d'abord un poste de vicaire et d'aumônier de lycée à Munich.
Sa thèse de doctorat, Peuple et maison de Dieu dans la doctrine de l'Église de saint Augustin (1953), et sa thèse d'habilitation, Théologie de l'histoire chez saint Bonaventure (1957), dénotent sa préférence pour l'inspiration augustinienne, au détriment du thomisme néoscolastique qui dominait encore à cette époque. Rapidement reconnu et sollicité, il mène une brillante carrière de théologien. Il enseigne successivement la théologie fondamentale à Munich-Freising (1952-1958) puis à Bonn (1959-1963), la théologie dogmatique à Münster (1963-1966), puis à Tübingen (1966-1969), où sa candidature fut chaudement appuyée par son collègue et ami Hans Küng, enfin la théologie systématique à Ratisbonne (à partir de 1969). Sa pensée comporte deux versants : d'une part, une analyse de la situation de l'Église dans un monde marqué par la sécularisation, le relativisme généralisé, la contestation de l'autorité ; d'autre part, une réflexion sur les données fondamentales de la foi, la spécificité de l'Église en tant que communion des fidèles, l'interprétation de l'Écriture, la Tradition vivante, la proposition du message chrétien dans le monde contemporain.
Lorsque commence le IIe concile du Vatican, en 1962, l'archevêque de Cologne, le cardinal Josef Frings (1887-1978), l'une des principales figures de la tendance libérale et réformatrice, le prend comme conseiller : le jeune expert jouera ainsi durant tout le concile un rôle appréciable dans la rédaction des interventions parfois décisives du cardinal. À l'issue du concile, il est nommé à la Commission internationale de théologie et prend une part active au lancement de la revue Communio, rivale de Concilium. Joseph Ratzinger veilla à l'application des réformes définies par Paul VI. C'est au cours de cette période postconciliaire qu'il se démarquera de plus en plus des positions libérales qu'il avait auparavant soutenues.
En 1977, Paul VI promeut Joseph Ratzinger archevêque de Munich-Freising et, la même année, il le crée cardinal. En 1981, Jean-Paul II le nomme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, l'ancien Saint-Office.
À la tête de cette institution, durement critiquée pour ses méthodes par le cardinal Frings lors du concile, le cardinal Ratzinger a tenu à dépasser le rôle purement négatif de censeur intransigeant et à faire de la Congrégation une instance de proposition, qui publie des textes d'orientation. Il s'est efforcé de mettre en œuvre une procédure disciplinaire plus respectueuse des personnes. Il sut faire preuve de discernement, en écartant bien des pétitions dirigées contre des évêques et des théologiens ou destinées à obtenir la définition de nouveaux dogmes.
Parmi les documents les plus significatifs publiés par la Congrégation figurent les deux instructions de 1983 et 1985 sur la théologie de la libération, l'instructionDonum vitae, sur les problèmes de bioéthique, en 1987, leCatéchisme de l'Église catholique[...]
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Écrit par
- Raymond WINLING : professeur émérite de théologie, université de Strasbourg
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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