BENOÎT XVI JOSEPH RATZINGER (1927-2022) pape (2005-2013)
Le pontificat de Benoît XVI
Au cours des huit années de son pontificat, Benoît XVI a affronté les difficultés majeures que Jean-Paul II avait, en partie, déjà connues : sécularisation croissante des pays occidentaux, montée d'un anticatholicisme de plus en plus agressif, persécutions des chrétiens, baisse alarmante des vocations religieuses, dysfonctionnements des services de la curie, tensions entre conservateurs et progressistes au sein de l'Église, dialogue œcuménique en voie de stagnation... À cela s'ajoutait la révélation de multiples scandales d'abus sexuels sur mineurs commis au sein d'institutions religieuses qui ternissaient l'image de l'Église. Le pape ne s'est pas résigné à subir passivement les effets négatifs de cette crise interne : il a essayé d'endiguer ceux-ci et de poser des jalons pour relever les défis et promouvoir un renouveau. Ses initiatives les plus marquantes concernent plusieurs domaines.
Benoît XVI a tenu à poursuivre le dialogue interreligieux. Conscient de ce que les réformes fécondes s'opèrent selon le rythme lent de l'évolution des mouvements religieux, et non selon les exigences d'un monde pressé de voir dans l'immédiat des résultats spectaculaires, il a continué patiemment de chercher l'ouverture dans le dialogue œcuménique. Il s'est rendu notamment, du 28 novembre au 1er décembre 2006, à Constantinople pour une rencontre historique avec le patriarche orthodoxe Bartholomée 1er ; il s'est également efforcé d'améliorer les relations avec le patriarcat de Moscou. Avec les Églises protestantes, le dialogue était sans doute plus complexe. Au cours de son voyage en Allemagne, Benoît XVI a visité, à Erfurt, le couvent Saint-Augustin où vécut Luther et, devant les représentants des Églises allemandes issues de la Réforme, il a rendu hommage à Luther en déclarant qu'il avait été un « homme de foi ».
L'absence d'accords décisifs entre les principales confessions chrétiennes s'explique du fait que la seule partie catholique ne peut pas imposer unilatéralement une solution ni consentir à des solutions qui mettraient en cause des données fondamentales de la doctrine catholique : il faut que ces solutions soient acceptées ou acceptables par l'une et l'autre partie. Les parties orthodoxe et protestante restant divisées en elles-mêmes, la sagesse conseillait de maintenir le dialogue dans le respect des différences, en attendant que certaines solutions arrivent à maturité.
En 2007, à Naples, Benoît XVI participe à la Rencontre internationale pour la paix promue par la communauté de Sant'Egidio, où étaient conviés les représentants des grandes religions. Quant à ses relations avec le judaïsme, des responsables juifs l'ont salué pour ses efforts en vue d'un rapprochement franc et sincère.
Benoît XVI a aussi essayé de mettre fin au schisme des catholiques traditionalistes de la fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX), en levant, par un décret de 2009, l'excommunication des évêques consacrés en 1988 par Mgr Lefebvre. Mais ses efforts de conciliation se sont heurtés à des manœuvres dilatoires : en 2011, le Vatican a présenté un « préambule doctrinal » à la FSSPX que celle-ci n’a jamais pu se résoudre à signer.
Outre trente visites pastorales effectuées en Italie, Benoît XVI entreprit, en continuité avec ses prédécesseurs, vingt-deux voyages apostoliques dans différents pays d'Europe, d'Amérique, d'Afrique et du Moyen-Orient. Il a de même participé aux grands rassemblements des Journées mondiales de la jeunesse à Cologne en août 2005, à Sydney en juillet 2008, et enfin à Madrid en août 2011.
Convaincu de la nécessité de promouvoir le dialogue entre foi, science et culture, en raison des progrès dans le domaine des sciences et des problèmes[...]
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Écrit par
- Raymond WINLING : professeur émérite de théologie, université de Strasbourg
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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