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CAILLAUX JOSEPH (1863-1944)

Personnage hors série de la IIIe République, Joseph Caillaux est issu de la bourgeoisie mancelle. Inspecteur des Finances, il se fait élire député de Mamers en 1898. L'année suivante, il est ministre des Finances dans le cabinet Waldeck-Rousseau. Son ralliement au radicalisme témoigne de la force d'attraction d'une formation qui voit venir à elle les talents et les ambitions. Ce patricien, homme de gauche portant monocle, s'impose comme un technicien des finances redoutable et redouté. À nouveau ministre des Finances sous Clemenceau en 1906, il réforme le système des contributions directes, mais échoue dans son projet de révision de l'impôt sur le revenu. Devenu président du Conseil en 1911, il s'efforce, lors du « coup d'Agadir », de traiter avec Berlin. À cette occasion, Caillaux est le premier président du Conseil à rompre avec la tradition et à pratiquer la diplomatie directe. Cette audacieuse politique de rapprochement avec l'Allemagne vaut à la France des avantages au Maroc. Mais elle n'est pas du goût des intransigeants de la gauche ni de la droite et contribue à la chute du ministère. Pourtant, son grand talent s'emploie à refaire l'unité du Parti radical et, autour de lui, du bloc des gauches. Il défend l'impôt sur le revenu et s'oppose à la loi portant le service militaire à trois ans. C'est lui qui renverse le cabinet Barthou en décembre 1912. Le personnage avive les intrigues, durcit les querelles : Briand et lui s'étaient opposés ; en 1913, au cours d'un discours, Caillaux le traite d'« endormeur », Briand lui répond qu'il n'est qu'un « ploutocrate démagogue ». Caillaux reprend les Finances dans le cabinet Doumergue. En mars 1914, Mme Caillaux abat de plusieurs coups de revolver le directeur du Figaro, Calmette, qui menait une vilaine campagne de presse contre son mari et menaçait sa carrière. Caillaux attendra dans l'ombre. On l'entrevoit pendant la terrible année 1917. Est-ce la fin ? Il le semble lorsqu'en 1917 Clemenceau le traîne devant le Sénat réuni en Haute Cour : Caillaux est condamné en 1920, pour « intelligence avec l'ennemi », à trois ans d'emprisonnement et à la privation de ses droits politiques. Il revient pourtant au premier plan après avoir été amnistié en 1925. Président de la commission sénatoriale des Finances, il est devenu le tenant de l'orthodoxie. En 1926, il impose un emprunt à garantie de change (4%), qui n'a pas le succès escompté. Il est vice-président du Conseil sous Briand la même année ; Herriot, son successeur à la tête du groupe radical, s'oppose à sa demande de délégation de pouvoir. Caillaux provoque encore la chute de Blum, en 1937, au Sénat. Le 10 juillet 1940, il vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Il laisse des Mémoires (1942-1947) d'un grand intérêt.

— Armel MARIN

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  • : metteur en scène, conseiller en éducation populaire et techniques d'expression

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