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CHAMBERLAIN JOSEPH (1836-1914)

Né à Londres, devenu industriel à Birmingham, unitarien tôt tourné vers les questions sociales et en particulier éducatives, Joseph Chamberlain entre dans la vie publique à partir de 1873. Il va être successivement le fondateur du socialisme municipal, l'intransigeant nationaliste hostile à toute sécession irlandaise, l'apôtre du néo-impérialisme et d'un nouveau cours de la politique étrangère, l'incarnation des idées protectionnistes. Sa réussite à Birmingham, dont il est maire de 1873 à 1876 et où, tout en favorisant la scolarisation du grand nombre, il pousse à la municipalisation du gaz et des eaux, à la construction de logements décents pour les classes pauvres, à la diffusion d'une culture populaire, le fait connaître sur le plan national. Ayant ainsi marqué sa vocation de libéral « radical », il entre au Parlement et devient l'un des plus efficaces adjoints de William Gladstone. En avril 1880, il reçoit son premier poste ministériel, celui du Commerce ; il le retrouvera pour trois mois dans le cabinet Gladstone de 1886. À cette date, il rompt avec son chef de parti, lui reprochant l'insuffisance de ses réformes sociales, la timidité de sa politique étrangère, et surtout le projet de Home Rule pour l'Irlande. Chamberlain prend la tête d'une fraction « unioniste » du parti libéral et s'allie aux conservateurs pour mettre en échec le projet de loi. La rupture sera progressivement consacrée et l'alliance avec les Tories deviendra effective et définitive à partir de 1892. Ces années sont aussi celles où Chamberlain se convertit plus profondément à l'impérialisme et fait du développement de l'Empire la chance de la grandeur future de sa patrie ; subissant l'influence de milieux colonialistes et de Cecil Rhodes, il n'est pas resté insensible à certaines thèses racistes. En 1895, il devient ministre des Colonies dans le gouvernement conservateur de lord Salisbury et peut défendre ses vues ; il encourage plus ou moins secrètement toutes les tentatives contre les États boers et peut être considéré comme un des grands responsables britanniques de la guerre des Boers. En même temps, jugeant inquiétant l'isolement de son pays dans le monde au temps des grands systèmes d'alliances, il prêche la renonciation au dogme du « splendide isolement » et est chargé de plusieurs négociations avec l'Allemagne en vue de rechercher les bases d'une éventuelle association des deux pays ; il ne dissimule pourtant pas qu'à défaut de l'allemande l'alliance française pourrait s'imposer (1898-1901). À partir de 1903, il se fait le champion d'un protectionnisme douanier complété par un système de préférences impériales ; il démissionne du cabinet Balfour, lance sa « Ligue pour la réforme des tarifs (douaniers) », parvient à faire du protectionnisme le cheval de bataille du parti conservateur-unioniste en 1906 : il ne rallie pas l'opinion et la campagne électorale se termine en désastre pour son parti. Une grave maladie, survenue quelques jours après, l'écarte définitivement de la scène politique. Mais l'influence de ses idées ne disparaît pas pour autant et son rêve d'une Fédération impériale, sa volonté protectionniste trouveront un prolongement dans l'entre-deux-guerres.

— Roland MARX

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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