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LOUIS JOSEPH DOMINIQUE baron (1755-1837)

Né à Toul, cadet d'une famille de robe (son père était avocat au Parlement de Metz), Louis a connu successivement trois carrières : aventurier ecclésiastique, fonctionnaire des Finances, homme politique. Une haute protection donne à cette triple carrière son unité, celle de Talleyrand, son cadet de trois ans, mais son patron dès 1785 (il le servira en qualité de diacre à la fête de la Fédération le 14 juillet 1790). Abbé sans vocation, conseiller clerc au Parlement de Paris, Louis fréquente, pendant les dernières années de l'Ancien Régime, Talleyrand, Calonne, Dupont de Nemours et le banquier suisse Panchaud. Dans les remous qui entourent la transformation de la Caisse d'escompte, il acquiert ses premières doctrines sur le crédit public et l'amortissement : il les développe ensuite dans l'émigration, où il peut observer à Londres le mécanisme des finances publiques. Tour à tour commis de banque, journaliste à Hambourg, mêlé aux intrigues royalistes, il ne rentre à Paris, rappelé par Talleyrand, qu'après le 18-Brumaire.

Sous le Consulat et l'Empire, Louis fait carrière au ministère de la Guerre, où il dirige l'important bureau chargé de liquider les fournitures militaires du Directoire, puis à partir de 1806, au ministère du Trésor, comme directeur de la Caisse de service. Surveillant le mouvement des fonds publics dans tout l'Empire, il met sur pied, sous la direction de Mollien, le système liant au Trésor les intérêts des receveurs généraux. On lui confie des missions délicates (règlement de l'affaire des négociants réunis, dette de la Hollande) dont le succès permet à Louis de devenir baron et conseiller d'État en 1811 ; à la fin de l'Empire, il est le fonctionnaire qui connaît le mieux les mécanismes officiels et secrets du Trésor ; il a traité avec tous les banquiers et tous les fournisseurs, dont Lafitte et Ouvrard, son ennemi intime. C'est ce qui lui vaut, dans le gouvernement provisoire présidé par Talleyrand en avril 1814, le département des Finances et du Trésor. Il conserve ce portefeuille pendant la première Restauration, et quelques semaines encore après le retour de Gand ; il le retrouve dans le ministère Decazes (1818-1819), après la révolution de Juillet (1830) et dans le ministère Casimir-Périer (1831-1832). C'est surtout en 1814 et 1815 qu'il peut appliquer ses doctrines sur le crédit public (il est l'auteur du premier véritable budget français), et sur la nécessité pour l'État de payer scrupuleusement ses dettes, qui lui ont valu une grande réputation de financier. Il semble en fait que Louis ait été surtout le fondateur véritable de la technocratie française, en portant au gouvernement les conceptions scrupuleuses, méthodiques mais étriquées des bureaux du Trésor. À ce titre, son influence a été bien plus considérable que celle que lui valurent, comme député de la Meurthe (1815-1824) puis de Paris (1827-1830), ses opinions déjà orléanistes et libérales.

— Michel BRUGUIÈRE

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, directeur d'études à l'École pratique des hautes études, ancien rapporteur général du Haut Comité de la langue française

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