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FONTANET JOSEPH (1921-1980)

Né le 9 février 1921 à Frontenex (Savoie), Joseph Fontanet a été marqué par ses montagnes et par sa foi. Un appel permanent à se surpasser et à se maîtriser. Ses études – doctorat en droit, H.E.C. – le marquent moins en effet que son christianisme qui s'incarne, dès 1937, à la J.E.C. où il milite ardemment. C'est là que mûrit l'homme, que se forge son caractère, que s'affirment ses goûts. Sa vie en témoigne. 1943. La guerre devient encore plus amère. Un jeune homme de vingt-deux ans gagne l'Espagne où il fait un court séjour dans les prisons franquistes avant de gagner l'Afrique. Le doux Joseph Fontanet participe ensuite au débarquement en Provence ; il est tankiste dans l'armée de De Lattre. À la Libération, il abandonne l'uniforme pour se lancer dans un autre combat, le combat politique, en entrant au M.R.P. Après avoir été directeur de cabinet de Jules Catoire, secrétaire d'État à la Santé publique et à la Population (1950-1951), Joseph Fontanet devient secrétaire général adjoint du M.R.P. jusqu'en 1956.

L'homme d'appareil se mue en parlementaire : il est élu député de la Savoie le 2 janvier 1956 (il était déjà conseiller général de Moûtiers depuis 1951). Réélu en 1958, il entre au gouvernement de Michel Debré en 1959 comme secrétaire d'État à l'Industrie et au Commerce. En novembre 1959, Joseph Fontanet devient secrétaire d'État au Commerce intérieur et, en août 1961, ministre de la Santé publique et de la Population. Sérieux, compétent, appliqué, Joseph Fontanet apparaît déjà comme un « bon ministre ». Un « bûcheur » aussi, comme en témoigne ce dialogue avec le général de Gaulle : « Comment vous reposez-vous ? En changeant de travail. » Militant, élu, ministre, il veut d'abord servir.

Sa réserve cache une volonté farouche de faire avancer ce qu'il croit juste. Il n'a donc aucun mal à suivre ses collègues ministres du M.R.P. lorsqu'ils démissionnent, le 14 mai 1962, du gouvernement de Georges Pompidou pour protester contre les sarcasmes du général de Gaulle au sujet de la construction européenne (le célèbre « Volapük »). Il y a un vieil attachement à l'idée européenne chez les démocrates-chrétiens depuis Robert Schuman. Sept ans plus tard, Joseph Fontanet rejoindra la majorité, après avoir obtenu des assurances en ce qui concerne la construction européenne ; et il redeviendra ministre de Georges Pompidou, alors président de la République.

Lorsque avec Pierre Pflimlin, Robert Buron, Paul Bacon et Maurice Schumann, Joseph Fontanet démissionne du gouvernement en 1962, il regagne le M.R.P. Secrétaire général du parti, il va vivre les derniers soubresauts de ce parti en y jouant un rôle déterminant.

C'est ainsi qu'on lui attribue une part de responsabilité dans l'échec de la grande fédération de Gaston Defferre en 1963. Ses réserves vis-à-vis de la S.F.I.O. étaient certainement tactiques, elles étaient peut-être plus que cela : la « laïcité » a été en effet une cause de rupture. Avec l'élection présidentielle de 1965 apparaît une nouvelle vedette politique : Jean Lecanuet. Le M.R.P. cède la place au Centre démocrate. Les premiers différends entre Jean Lecanuet et Joseph Fontanet surgissent.

En 1969, Joseph Fontanet choisit de soutenir Georges Pompidou, le gaulliste, plutôt que le centriste Alain Poher. La rupture avec Jean Lecanuet et ses amis du Centre démocrate est consommée. Décidément, le M.R.P. est bien mort. Avec le radical Jacques Duhamel, Joseph Fontanet crée le centre Démocratie et Progrès (C.D.P.) qui prône un infléchissement de la politique de la Ve République « de l'intérieur », pendant que le Centre démocrate reste dans l'opposition. Pour différentes raisons, notamment la maladie de Jacques Duhamel, le C.D.P. ne se développera pas suffisamment[...]

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