GOEBBELS JOSEPH (1897-1945)

Homme politique allemand, Joseph Goebbels fut ministre de la Propagande du régime national-socialiste de 1933 à 1945.

Né le 29 octobre 1897 à Rheydt, ville industrielle de la Ruhr, Joseph Goebbels grandit dans une famille nombreuse de la petite bourgeoisie catholique. Touché dans sa jeunesse par une maladie qui le laisse infirme, il ne participe pas à la Première Guerre mondiale. Il entame des études littéraires à l’Université, et obtient un doctorat de littérature en 1922. L’année suivante, alors qu’il ne trouve aucune perspective professionnelle stable et rêve de devenir écrivain, Goebbels entre au Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei (NSDAP, Parti national-socialiste des travailleurs allemands), où il mettra en permanence son diplôme en valeur, car très peu de militants le possèdent, ce qui lui confère une réputation d’intellectuel. Au sein du parti nazi, il rejoint l’aile révolutionnaire du nord-ouest de l’Allemagne, auprès de Karl Kaufmann et des frères Otto et Gregor Strasser, dirigeants du parti dans cette région. Il ne tarde cependant pas à tourner le dos à ses premiers camarades pour se rapprocher d'Adolf Hitler, pour qui il a une admiration sans limites. Celui-ci le nomme Gauleiter (chef de district du parti) de la ville de Berlin en 1926 ; le jeune responsable de la propagande du parti est censé conquérir cette ville ouvrière peu perméable aux idées nazies. Goebbels y développe des campagnes violentes et antisémites, à l’aide d’organes de presse – notamment Der Angriff, en français« L’Attaque », un journal qu’il crée en 1927 – et de discours radicaux car, au côté de Hitler, il est un des orateurs les plus efficaces du mouvement national-socialiste. Il joue de sa grande proximité avec ce dernier pour s’imposer dans les querelles qui éclatent régulièrement, au sein du parti ou des sections d’assaut (Sturmabteilung ou SA), la milice paramilitaire du parti nazi), dont il est proche. Il est élu député du Reichstag (l’Assemblée nationale) en 1928, menant par la suite une agitation incessante au sein du Parlement avec ses discours incendiaires et ses nombreuses interventions intempestives.

Peu après l’arrivée d’Adolf Hitler à la chancellerie, en 1933, Goebbels est nommé, en mars, ministre plénipotentiaire de l’« Éducation du peuple » (Volksaufklärung) et de la Propagande. Bien qu’il entre en conflit avec de nombreux autres ministères – Éducation nationale, Affaires étrangères, Intérieur… – et que le monde de la culture soit rétif aux tentatives d’embrigadement, Goebbels parvient à mettre sous sa coupe une bonne partie de la production culturelle allemande : théâtres, musées, musique, ainsi que presse et cinéma, deux domaines où il est particulièrement actif car il les considère comme ses spécialités. Sachant jouer aussi bien de l’idéologie que du divertissement, il compte, en revanche, parmi les plus fanatiques partisans des politiques antijuives : il appelle au boycott des magasins juifs en avril 1933 ; il s’emploie à faire passer la « Nuit de cristal » (pogroms antisémites de novembre 1938) pour une action spontanée des Allemands en réaction à l’assassinat à Paris du diplomate Ernst vom Rath, alors qu’il a lui-même donné les ordres ayant abouti au déclenchement des violences ; il pousse à la déportation des Juifs berlinois pendant la Seconde Guerre mondiale.

Pourtant, Goebbels, bien qu’il soit très puissant et considéré à raison comme un des hiérarques les plus importants du III^e Reich, n’est pas omnipotent : à lire les milliers de pages de son journal intime, véritable chronique quotidienne du régime et de la vie du ministre, ses volontés sont toujours des succès. En réalité, il n’en est rien. Goebbels, comme tous les autres potentats nazis, dépend largement du bon vouloir de Hitler et de son arbitrage entre les différentes concurrences,[...]