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FIOCCO JOSEPH HECTOR (1703-1741)

Huitième des onze enfants nés d'un second mariage du compositeur d'origine italienne Pierre Antoine Fiocco (Pietro Antonio Fiocco, né à Venise en 1653, s'établit au début des années 1680 à Bruxelles, où il meurt en 1714), Joseph Hector Fiocco naît à Bruxelles le 20 janvier 1703. Organiste et claveciniste, son nom est mentionné dès 1726 parmi les membres de la chapelle ducale de Bruxelles, dirigée par son demi-frère Jean-Joseph Fiocco. En 1729 ou 1730, il est promu sous-maître de cette institution. En août 1731, il est nommé maître de chapelle de la cathédrale d'Anvers, où il succède à Willem de Fesch. Six ans plus tard, en mars 1737, il revient à Bruxelles, comme maître de chapelle de la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, fonction qu'il occupe jusqu'à sa mort, qui survient à Bruxelles le 21 juin 1741.

Joseph Hector Fiocco publie en 1730 un très intéressant recueil de pièces pour clavecin, où se manifeste l'influence de François Couperin. Cependant, sa production se concentre en musique sacrée. Il est l'auteur de nombreux motets pour chœur à quatre voix ou pour solistes et de neuf Leçons de ténèbres pour soprano solo, violoncelle et basse continue, remarquables pour leur synthèse réussie entre les styles italien et français.

Mais Joseph Hector Fiocco a principalement laissé son nom dans l'histoire de la musique grâce à ses trois messes concertantes. Si deux d'entre elles, pour chœur à quatre voix et quatre instruments, se singularisent par leur plasticité et leur subtil équilibre stylistique, son œuvre maîtresse est l'admirable Missa solemnis en majeur, pour sept voix et sept instruments : on y trouve un souffle et une grandeur qui évoquent de façon troublante Haendel (mais il n'a pas été possible d'établir si Fiocco avait eu connaissance des œuvres de l'auteur du Messie). Selon le type de la messe-cantate (qui est celui de la Messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach), les versets y sont traités comme des morceaux autonomes – le Gloria contient ainsi sept épisodes et le Credo se divise en pas moins de douze sections – où alternent soli et chœurs. L'originalité de cette page réside tout autant dans sa structure formelle que dans son écriture. Le traitement de tonalités contrastées (le plan tonal use fréquemment du ton relatif mineur mais aussi de tons voisins agréablement variés), la diversité des formations instrumentales (dont témoigne l'étonnant Crucifixus pour trois voix de basse accompagnées par deux violoncelles et un basson), la richesse rythmique (chœur vertical du premier Kyrie, homorythmie du dernier Kyrie, duo virtuose pour soprano et ténor dans le Laudamus te du Gloria, polyphonie austère du Gratias agimus, rythme de menuet du trio accompagné par deux flûtes du Domine Deus, ritournelle italianisante et vocalises du dernier chœur de ce même Gloria...), l'évidence des profils thématiques, l'expressivité mélodique, les étonnantes modulations de cette œuvre placent Joseph Hector Fiocco parmi les grands maîtres de son temps.

— Alain FÉRON

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Écrit par

  • : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio

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