KESSEL JOSEPH (1898-1979)
Né le 10 février 1898 à Villa Clara (Argentine), mort le 23 juillet 1979 à Avernes (Val-d’Oise), Joseph Kessel est le fils d'émigrés russes d'origine juive. Son père avait fui les persécutions antisémites et était venu faire des études de médecine en France avant de s'embarquer pour l'Argentine travailler comme médecin dans une colonie agricole. Toute la vie de Kessel sera placée sous le signe de ses origines cosmopolites. À la fois juif, russe et français, il passera le plus clair de sa vie à courir le monde. Il commence ses études en Russie et vient les finir en France, à Nice puis à Paris. C’est là que, pendant quelques mois, il se tourne vers le théâtre. Cependant, il ne peut rester indifférent au conflit qui déchire le monde et, en 1916, il s'engage dans l'aviation. Il y découvre une sorte de camaraderie héroïque qui hantera son œuvre future (L'Équipage, 1923 ; Vent de sable, 1929 ; Le Bataillon du ciel, 1947). Il se porte ensuite volontaire pour faire partie d'un corps expéditionnaire que la France envoie, en 1918, en Sibérie, afin d’enrayer l’avancée de l’armée allemande vers l’Oural. Mais,quand le bateau arrive, l'armistice a été signé, et Kessel se trouve nommé chef de gare à Vladivostok sous prétexte qu'il est le seul à parler russe. Cet emploi, on s'en doute, ne dure guère. Joseph Kessel rentre en France en passant par la Chine et l'Inde, bouclant ainsi son premier tour du monde. Il commence alors son vrai métier : le journalisme. Durant près de cinquante ans, il couvre tous les grands événements qui bouleversent l'univers (son œuvre de journaliste sera publiée en 1969, sous le titre : Joseph Kessel, témoin parmi les hommes). Il assiste à la révolution irlandaise contre l'Angleterre. Il soutient les débuts du sionisme et recevra, lors de la création de l'État d'Israël, le visa numéro un pour se rendre dans l'État nouveau. Il suit les progrès de l'Aéropostale avec Mermoz et Saint-Exupéry. Il navigue sur la mer Rouge en compagnie d'Henry de Monfreid, à la recherche des derniers négriers (Marchés d’esclaves, 1933). Il rencontre Hitler, qu'il dépeint comme « un homme quelconque, triste et assez vulgaire ». Après la débâcle de 1940, il rejoint les Forces françaises libres et s'engage comme aviateur. On lui doit, ainsi qu'à son neveu Maurice Druon, les paroles du Chant des partisans (1943). À Londres, il écrit L’Armée des ombres (1943), épopée de la Résistance qui s’appuie sur de nombreux témoignages. Le livre sera adapté au cinéma par Jean-Pierre Melville en 1969.
La guerre terminée, Kesselreprend ses activités de journaliste et d'écrivain (Le Tour du malheur, 1950). Après l'immense succès du Lion (1958), il entre à l'Académie française en 1962. Désormais, il se consacre à de vastes fresques historiques où passe le souffle de l'aventure façon Dumas père : Tous n'étaient pas des anges (1963) évoque la dernière guerre, tandis que Les Cavaliers (1967) se situe dans les steppes de l'Asie centrale.
L'entre-deux-guerres a connu une génération d'écrivains qui se voulaient en prise directe sur le monde contemporain. Ils se faisaient aventuriers, journalistes ou globe-trotters selon leurs possibilités. Ainsi Blaise Cendrars, Pierre Mac Orlan ou même André Malraux, parmi les écrivains français. Ainsi Ernest Hemingway, pour les Américains. « Jef » Kessel appartient de plein droit à ce courant. Il est, avant toute chose, un témoin privilégié de l'actualité. C'est parce qu'il a vécu un certain nombre d'événements qu'il peut ensuite écrire des romans d'aventures nourris de la réalité : Fortune carrée (1932), où l'auteur évoque le Yémen, Terre d'amour et de feu (1965), qui relate la naissance d'Israël.[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Pierre ÉNARD : écrivain
Classification
Média
Autres références
-
LES PARTISANS (D. Bona) - Fiche de lecture
- Écrit par Charles-Louis FOULON
- 1 076 mots
- 1 média
Biographe émérite et huitième femme élue à l’Académie française, Dominique Bona a redécouvert, pendant le confinement lié à la pandémie de Covid-19, les mémoires du trente et unième secrétaire perpétuel de l’institution, Maurice Druon, et sa proximité avec un autre académicien,...