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DUC JOSEPH-LOUIS (1802-1879)

Prix de Rome en 1825 (projet d'un hôtel de ville pour Paris), Joseph-Louis Duc séjourne à la villa Médicis en même temps que Félix Duban, Henri Labrouste et Léon Vaudoyer ; les quatre amis relèvent les vestiges de l'Italie antique et renaissante. Duc se fait remarquer par l'étude et la restitution du Colisée (envoi de dernière année, 1829). À son retour, il est nommé inspecteur de la colonne commémorative de Juillet, à la Bastille, dont il devient en 1834 l'architecte titulaire ; il donne les projets du piédestal à compartiments de marbres de couleurs et de médaillons de bronze, conforme aux idées développées alors sur la polychromie. Le fût de la colonne à bracelets, le chapiteau et le génie doré qui la couronnent, évitent le pastiche de la colonne Trajane à Rome. Le décor qu'il dresse pour l'inauguration, en 1840, illustre les théories des quatre architectes romantiques sur le décor de fête comme origine du décor de l'architecture antique. Duc sera associé à Labrouste en 1848 pour la pompe funèbre des victimes de la révolution. Inspecteur du chantier du Palais de justice ouvert par J. N. Huyot en 1835, il construit, malgré l'opposition des Monuments historiques, le bâtiment des Chambres correctionnelles dont l'escalier est très admiré. Après la mort de Huyot en 1840, il est nommé architecte du Palais de justice, auquel il travaillera avec Étienne-Théodore Dommey jusqu'à sa mort : il restaure le pignon de la grande salle des Pas perdus, la tour de l'horloge, reconstruit les bâtiments sur le quai, etc. Achevé en 1868, le bâtiment de la Cour de cassation sur la place Dauphine est son œuvre majeure. La façade s'inspire du temple de Dendérah, en Haute-Égypte, et utilise les chapiteaux de Stratonicée récemment découverts ; l'association des colonnes cannelées avec des baies à meneaux couvertes d'un arc segmentaire témoigne de l'éclectisme synthétique, riche et savant, de Duc. L'édifice servit de modèle en France (palais de justice du Havre, par Bourdais, 1873) et en Europe (à Bucarest, par exemple). Ces travaux valent à Duc d'être élu à l'Institut en 1866 et, après treize tours de scrutin, de recevoir en 1869 le prix de 100 000 francs créé par Napoléon iii et dont il devait être le premier et seul titulaire.

Outre ces travaux, Duc participe sans succès au concours ouvert pour le tombeau de Napoléon ier ainsi qu'à celui de l'Opéra de Paris. Il aménage le lycée Michelet de Vanves (avec un bassin de natation, le premier en France) et participe à l'administration parisienne pour la section des collèges. Les deux résidences privées qu'il construit appartiennent à des répertoires très différents : à Biarritz (avec Roux, 1870-71), le manoir Boulart est fondé sur des références savantes aux Renaissances française et italienne ; à Croissy, la villa relève du pittoresque de villégiature, avec bois découpés et décor orientaliste. Duc fut chargé par ses amis d'édifier le tombeau de Duban, dans le style romantique néo-grec pour lequel il associa une stèle grecque à un sarcophage romain.

— Françoise HAMON

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Écrit par

  • : professeur d'histoire du patrimoine à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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