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PINCHON JOSEPH PORPHYRE (1871-1953)

Bécassine

Pinchon reste indissociable du personnage de Bécassine, née Annaïk Labornez à Clocher-les-Bécasses, village fictif près de Quimper, domestique à Paris chez la marquise de Grand-Air, puis gouvernante de sa fille adoptive Loulotte qui, contrairement à la quasi-totalité des personnages de bande dessinée, vieillit au fil des albums. Bécassine est naïve mais en avance sur les femmes de son époque : elle prend l’avion, sait conduire, fait du ski. C’est par hasard qu’elle naquit sous le crayon de Pinchon, au moment du bouclage du premier numéro, daté du 2 février 1905, de La Semaine de Suzette, un hebdomadaire édité par Gautier-Languereau à destination des petites filles de la bourgeoisie : une page restait à remplir, et la rédactrice en chef, Jacqueline Rivière (pseudonyme de Jeanne Spallarossa), inventa à la hâte une historiette sur une jeune domestique gaffeuse, L’Erreur de Bécassine, qu’elle demanda immédiatement à Pinchon d’illustrer. Le succès inattendu de Bécassine en fit un personnage récurrent. Aux histoires en une ou deux pages succédèrent à partir de 1913 (avec L’Enfance de Bécassine) et jusqu’en 1950 (avec Bécassine au studio) vingt-sept longs récits, publiés en feuilleton dans La Semaine de Suzette puis en albums (appelé sur le front des Dardanelles pendant la Première Guerre mondiale, Pinchon fut remplacé par le peintre Édouard Zier pour deux épisodes, Bécassine chez les Alliés et Bécassine mobilisée). Sous le nom du scénariste, «Caumery», se cachait généralement Maurice Languereau (1867-1941), cofondateur avec son oncle Henri Gautier des éditions Gautier-Languereau et président du Cercle de la librairie. Sa fille, Claude, inspira le personnage de Loulotte, apparue en 1922 dans Bécassine nourrice.

Après la mort de Pinchon (survenue à Paris le 21 juin 1953), la série fut poursuivie de 1959 à 1962 par Jean Trubert, que Pinchon avait désigné pour lui succéder, et qui dessina deux albums et un abécédaire. Survivant à une longue éclipse, due notamment à des associations bretonnes qui voyaient en elle le symbole d’un mépris parisianiste envers leur région (déjà en 1939, des autonomistes avaient projeté d’enlever Paulette Dubost, qui incarnait le personnage dans le film Bécassine de Pierre Caron et René Pujol), Bécassine revint à la mode, comme le montrèrent par exemple la chanson de Chantal Goya Bécassine, c’est ma cousine (1979), le film d’animation Bécassine, le trésor viking (2001) ou le timbre émis par la Poste (2005).

Avec le recul du temps, le cycle de Bécassine peut être lu comme un témoignage sur l’aristocratie et la grande bourgeoisie, d’une guerre mondiale à l’autre. On peut même déceler une dimension proustienne dans Bécassine (Du côté de chez Swann et L’Enfance de Bécassine ont d’ailleurs paru simultanément en librairie, en novembre 1913) : comme l’a suggéré Francis Lacassin, «Bécassine, c’est un peu À la recherche du temps perdu raconté par Françoise.»

— Dominique PETITFAUX

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Média

<em>Bécassine en apprentissage</em>
 - crédits : Editions Gautier-Languereau/ Hachette

Bécassine en apprentissage

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  • ROMAN GRAPHIQUE

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    ...aris avec chat (2018). On pourrait également voir un « roman-fleuve graphique » dans la suite des vingt-sept épisodes(soit 1 567 planches) de Bécassine dessinés parPinchon de 1913 à 1950, le mot « roman » convenant parfaitement ici, puisque les dialogues n’y sont pas prédominants.