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GALLIENI JOSEPH-SIMON (1849-1916)

Gallieni à Madagascar

C’est à Madagascar que Gallieni connaît l’apogée de sa carrière coloniale. Il y débarque en 1896, investi des pouvoirs civil et militaire : il est à la fois commandant en chef et résident général. L’île est alors le théâtre d’une révolte importante sur le plateau central de l’Imerina, qui résiste contre la domination française établie l’année précédente. Pour la réprimer, Gallieni applique à Madagascar la « politique des races » mise au point quelques années plus tôt par les colonels Servière et Pennequin, auprès des populations des régions excentrées du Tonkin. Elle consiste, à partir d’une connaissance approfondie du pays et de ses habitants, à s’appuyer sur certains groupes ethniques – en leur fournissant armes et soutien – afin de neutraliser les résistances des groupes hostiles à la domination coloniale. Dans le cas de Madagascar, il s’agit de détruire l’hégémonie « hova » et de promouvoir certaines populations, notamment les Sakalava, ennemis du pouvoir royal malgache. Le 28 février 1897, Gallieni force la reine Ranavalona III à abdiquer. Désormais « gouverneur général de Madagascar et dépendances », il supprime l’esclavage et les privilèges et instaure un système d’administration indirecte fondé sur l’existence de « protectorats intérieurs ». Après avoir achevé la répression violente de l’insurrection du Menabe (sur la côte ouest de l’île) en 1899, Gallieni poursuit les réformes administratives : l’île est ainsi divisée en huit cercles et vingt provinces, et l’école et la santé font l’objet d’une attention particulière, afin d’encourager la modernisation et la francisation de Madagascar. Gallieni engage également un vaste programme de travaux publics, pour lequel il parvient à convaincre la Chambre des députés de voter un emprunt de 60 millions de francs en 1900. Mais les dernières années de son mandat sont obscurcies par les difficultés auxquelles se heurte la construction du chemin de fer, et par la méfiance croissante des colons, qui critiquent le poids des taxes et des règlements, le manque de main-d’œuvre et le prix trop élevé des terres, ainsi que du gouvernement, informé par une mission d’inspection de l’existence d’irrégularités dans la comptabilité de la colonie et de certains abus concernant l’indigénat, la perception des impôts et les corvées infligées aux Malgaches. L’insurrection qui éclate en 1904 au sud-est de Madagascar et la violente campagne d’opinion déclenchée au même moment contre les outrances de son administration entraînent le rappel de Gallieni et son retour à Paris en 1905.

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Écrit par

  • : docteure en histoire, rattachée au Centre d'histoire du XIXe siècle, université Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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Média

Gallieni - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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