BAKER JOSÉPHINE (1906-1975)
Une figure du Paris des « années folles »
En 1925, l’Américaine Caroline Dudley lui propose de se rendre à Paris pour participer à la Revue nègre, un spectacle qu’elle est en train de monter, dont la création est confiée à des artistes noirs (les Blackbirds), et qui mêle de la musique jazz à des chorégraphies sensuelles et burlesques. Bien qu’elle fasse scandale, la revue, dont les décors et les affiches sont signés Paul Colin, est un succès. La prestation de Joséphine Baker en particulier fait sensation, non seulement en raison de sa manière non conventionnelle de danser – et du fait qu’elle soit quasi nue sur scène –, mais aussi par les rythmes entêtants, jusqu’alors inconnus en France, des musiques interprétées (le charleston notamment). Joséphine Baker s’installe alors en France et se produit au Théâtre des Champs-Élysées puis aux Folies-Bergères. Vêtue d’une simple ceinture de bananes, elle triomphe comme meneuse de revues dans le spectacle La Folie du jour, une satire de la vision colonialiste du « bon sauvage ».
À partir de 1927, Joséphine Baker se lance dans la chanson. Sa voix de soprano et son accent américain lui confèrent un charme particulier qui plaît à un large public. En 1930, elle connaît un succès retentissant avec sa chanson « J’ai deux amours » (paroles de Géo Koger et Henri Varna, musique de Vincent Scotto, créée au Casino de Paris). Reprenant de manière parodique les thèmes chers à l’exotisme colonial, Joséphine Baker devient une figure de l’effervescence culturelle et artistique des années 1920, qu’on nomme « années folles ». En parallèle à sa carrière de danseuse et de chanteuse, elle se produit au cinéma, où elle se voit parfois confier le premier rôle, comme dans Zouzou de Marc Allégret (1934). Elle inspire des écrivains tels qu’Ernest Hemingway ou Francis Scott Fitzgerald, mais aussi des peintres comme Pablo Picasso, ou le couturier Christian Dior.
Forte de cette popularité, elle retourne en 1936 aux États-Unis pour une tournée. Le succès n’est pas au rendez-vous dans ce pays où la ségrégation raciale est toujours aussi violente. De retour en France, elle épouse en 1937 un industriel juif, Jean Lion, et acquiert la nationalité française.
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Écrit par
- Mélanie WEYL : professeure certifiée classe exceptionnelle d'histoire géographie
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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