JOSÉPHINE, MARIE-JOSÈPHE ROSE TASCHER DE LA PAGERIE (1763-1814) impératrice des Français
Née à la Martinique, Marie-Josèphe Rose Tascher de La Pagerie appartenait à une famille installée « aux Isles » depuis un demi-siècle. Elle mena jusqu'à seize ans une existence libre et oisive comme les jeunes créoles d'une époque peu exigeante en matière de moralité. Elle épousa, en France, le chevalier Alexandre de Beauharnais le 13 décembre 1779. Ce mariage décevant se termina six ans plus tard, après la naissance d'Eugène et d'Hortense, par une séparation de corps. À vingt-deux ans, Rose commençait dans la haute société parisienne une carrière de mondaine désargentée, criblée de dettes et talonnée par les créanciers. Cette solide formation lui servira plus tard. Sous la Révolution, elle est arrêtée et attend en compagnie de son mari l'arrêt du tribunal révolutionnaire qui l'épargne tandis que Beauharnais est guillotiné. En coquetterie avec Hoche, elle est comme lui libérée par le 9-Thermidor. Elle ne tarde pas à devenir la maîtresse de Barras puis du jeune général Bonaparte. Commandant en chef de l'armée de l'intérieur, celui-ci épouse Rose quelques jours avant de partir pour la campagne d'Italie. Commence alors pour Rose, devenue Joséphine, une destinée où l'ironie le dispute au tragi-comique. Restée royaliste au fond du cœur, elle est employée par son mari et par Barras à des tâches mondaines contradictoires ou à de louches malversations avec les fournisseurs aux armées. Après la campagne d'Égypte, son inconduite pendant l'absence de Bonaparte lui fait frôler le divorce, mais elle rétablit la situation et, en Brumaire an VIII, participe au coup d'État final qui met hors de combat l'inusable Barras, son ex-amant. Le consulat ne procure à Joséphine aucune véritable joie sinon l'extinction de ses dettes par Bonaparte qui a fini par payer la Malmaison achetée en son absence. Toutefois, le clan corse des Bonaparte la hait.
Couronnée impératrice, elle est désormais prisonnière d'un personnage dessiné par David et gouverné sans douceur par Napoléon qui en connaît tous les ressorts. Elle sert avec bonne grâce la politique de ralliement de l'Empereur envers l'ancienne société. À partir de 1808, il est évident qu'elle ne peut donner d'enfant à son mari. Elle a bien essayé de lui faire croire, avec la complicité du médecin Corvisart, qu'il était stérile, mais après la naissance du jeune Léon Denuelle des œuvres de l'Empereur, il lui faut accepter le divorce et se résigner à céder la place à la jeune Marie-Louise d'Autriche.
C'est alors, de 1810 à sa mort en 1814, une demi-retraite dorée où les deux millions annuels versés par le Trésor en guise de pension alimentaire ne suffisent pas à étancher le fleuve de ses dettes. Un grand fond de bonté égoïste lui fait gaspiller son argent, et l'Empereur doit faire comprendre à l'indolente créole les nécessités d'une élémentaire comptabilité. La femme de César ne pouvait être soupçonnée de prévarication en 1796, elle ne pouvait pas davantage tomber dans la ruine en 1810. Elle devint l'égérie du vicomte Turpin-Crissé, jeune peintre de talent dont l'Empereur, humoriste à froid, fit son chambellan. Après sa chute, le 16 avril, Napoléon lui écrit une dernière lettre qui sonne comme l'écho d'une sublime plainte. « Adieu ma chère Joséphine, résignez-vous ainsi que moi et ne perdez jamais le souvenir de celui qui ne vous a jamais oubliée et ne vous oubliera jamais. Napoléon. » Après avoir reçu le tsar Alexandre Ier à la Malmaison, Joséphine prend froid et meurt au mois de mai, non sans avoir donné l'ordre d'ouvrir les volières de son grand parc, afin de rendre la liberté à ces oiseaux qu'elle aimait et qui ont peuplé les bois, de Rueil à Louveciennes.
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Écrit par
- José MURACCIOLE : capitaine de vaisseau
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Autres références
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MALMAISON MUSÉE NATIONAL DU CHÂTEAU DE
- Écrit par Adrien GOETZ
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NAPOLÉON Ier BONAPARTE (1769-1821) empereur des Français (1804-1814 et 1815)
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Jacques GODECHOT
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...commandant de l'armée de l'Intérieur et devint le conseiller militaire du nouveau gouvernement, le Directoire. À la même époque, il rencontra une séduisante créole,Joséphine Tascher de La Pagerie, veuve du général Alexandre de Beauharnais (guillotiné sous la Terreur) et mère de deux enfants.