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NKOMO JOSHUA MQABUKONYONGOLO (1917-1999)

Joshua Nkomo a été le premier leader nationaliste de la Rhodésie coloniale. Enterré avec les honneurs d'un « père de la nation », il était pourtant politiquement marginalisé depuis de nombreuses années. Depuis le début des années 1960, Nkomo n'avait cessé d'affronter Robert Mugabe ; cependant, l'âge et la maladie venus, il s'était laissé enfermer dans un poste honorifique.

Il est né le 7 juin 1917 dans le Matabeleland, où son père travaillait pour la Société missionnaire de Londres. Souvent présenté comme appartenant au groupe Ndebele, dont il assurait le leadership politique, il était pourtant issu d'un clan Shona, celui des Kalanga. Il aimait rappeler que ses parents étaient nés dans une société qui n'avait pas encore connu le joug colonial. La lutte pour l'indépendance s'inscrivait pour lui dans une continuité immédiate.

Après une formation de charpentier, il passa en Afrique du Sud pour entreprendre, à l'âge de vingt-cinq ans, des études secondaires. Durant ce séjour, il rencontra Nelson Mandela ainsi que d'autres futurs dirigeants nationalistes de la région. De retour à Bulawayo en 1948, il exerça des fonctions de travailleur social pour la compagnie des chemins de fer. Militant syndical, il adhéra également à une vieille organisation : la Southern Rhodesia African National Congress, dont il devint le dirigeant en 1957. Après l'interdiction par les autorités de cette organisation, puis d'une autre, Nkomo fonda finalement en 1962 la Zimbabwe African People's Union (Z.A.P.U.), qui regroupait alors l'ensemble des militants nationalistes. Mais, l'année suivante, une importante scission, conduite, entre autres, par Robert Mugabe, lança un parti concurrent : la Zimbabwe African National Union (Z.A.N.U.).

De 1964 à 1974, Nkomo – ainsi que la plupart des dirigeants nationalistes – fut maintenu en détention par le gouvernement de Salisbury, qui avait déclaré unilatéralement son indépendance en 1965. Lorsqu'il fut relâché, il s'installa en Zambie d'où il dirigea un mouvement de libération armé appuyé par Moscou, qui soutenait également l'A.N.C. de Mandela. Il participa aux différents pourparlers avec les Britanniques et les Rhodésiens. La rivalité avec la Z.A.N.U., basée au Mozambique et soutenue par Pékin, continua dans la guerre et affaiblit d'autant l'efficacité des forces nationalistes.

Lors des élections générales de 1980 qui suivirent les accords de Lancaster House, son parti n'obtint que vingt des cent sièges du nouveau Parlement, tandis que celui de Mugabe s'en assurait cinquante-sept. Bien qu'il ne cachât pas sa déception, Nkomo accepta de participer à un gouvernement de coalition comme ministre des Affaires intérieures. En 1982, il fut accusé de préparer un coup d'État et assigné à résidence. Tandis qu'une répression violente s'abattait sur le Matabeleland où certains combattants de la Z.A.P.U. sont soupçonnés d'être encore opérationnels, Nkomo s'enfuit du pays en 1983. Des milliers de civils furent tués par les forces gouvernementales, encadrées par des Nord-Coréens. En 1987, un rapprochement s'effectua entre le parti de Nkomo et celui de Mugabe. Les organisations fusionnèrent en 1989 dans la Z.A.N.U.-P.F. (Patriotic Front) que ce dernier voulait ériger en parti unique constitutionnel après avoir absorbé son adversaire. Nkomo reçut un poste de vice-président mais sa carrière commença à décliner.

— Patrick QUANTIN

Bibliographie

J. Nkomo, The Story of my Life, Methuen, Londres, 1984.

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Écrit par

  • : directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques, Centre d'étude d'Afrique noire, Bordeaux

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