VENDÉMIAIRE AN IV JOURNÉE DU 13 (1795)
Après avoir rédigé la Constitution dite de l'an III, la Convention aurait dû se séparer et laisser la place aux nouveaux députés. Inquiète de la poussée royaliste qui risque de se traduire par des élections trop réactionnaires, elle décide par le décret du 22 août 1795 que, pour assurer la transition et éviter l'erreur qu'avaient commise les membres de l'Assemblée constituante en se déclarant inéligibles, les deux tiers des premiers membres du conseil des Anciens et du conseil des Cinq-Cents, seraient choisis parmi les conventionnels sortants. Ce décret, précisé par celui du 30 août, ruine les espoirs des royalistes constitutionnels de la tendance de Montesquiou, auxquels on accordait de grandes chances aux prochaines élections. À la faveur d'une certaine indignation de l'opinion qui interprète le décret des deux tiers comme un moyen pour les conventionnels de se maintenir au pouvoir, les partisans d'une restauration monarchique envisagent une insurrection qui partira cette fois des sections modérées de la capitale. C'est la journée du 13 vendémiaire (5 oct. 1795). La section Le Peletier, avec l'appui de journalistes (Fiévée, Lacretelle) et d'écrivains (La Harpe, Marmontel), parvient à entraîner les sections du centre et de l'ouest de Paris, où les royalistes sont devenus majoritaires à la faveur de la réaction thermidorienne, soit au total près de 20 000 hommes. Pour se défendre, la Convention donne les pleins pouvoirs à une commission extraordinaire de cinq membres. Barras, que son énergie lors du 9-Thermidor a signalé à l'attention de la Convention, organise la résistance et prend pour adjoint un général d'artillerie en disponibilité, Bonaparte, qui a donné des gages de républicanisme au siège de Toulon. Celui-ci dispose de 4 000 hommes auxquels s'ajoutent des sans-culottes réarmés pour la circonstance. Il fait saisir les canons du camp des Sablons à Neuilly par les cavaliers de Murat et mitraille devant l'église Saint-Roch les forces royalistes commandées par Danican. La répression frappe durement les insurgés, élargissant le fossé entre thermidoriens et royalistes. Quelques semaines plus tard, la Convention se sépare aux cris de « Vive la République ! » À l'issue de l'écrasement de l'insurrection, le commandement en chef de l'armée de l'intérieur est confié à Bonaparte. Du 13 vendémiaire date sa fortune politique, et les royalistes l'appelleront longtemps le général Vendémiaire.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean TULARD : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
Classification
Autres références
-
DIRECTOIRE
- Écrit par Michel EUDE
- 4 547 mots
- 1 média
...pas niable (il n'avait jamais cessé depuis 1792) : la reprise de la chouannerie dans l'Ouest en 1795-1796, l'insurrection parisienne du 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795), les élections aux Conseils du nouveau régime sont là pour le prouver. Mais de quelle royauté s'agit-il ? La grande... -
NAPOLÉON Ier BONAPARTE (1769-1821) empereur des Français (1804-1814 et 1815)
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Jacques GODECHOT
- 8 337 mots
- 18 médias
... qui, ne voulant pas s'appuyer sur le commandant des troupes de l'Intérieur, nomma Bonaparte commandant en second. C'est donc ce dernier qui arrêta par les armes les insurgés marchant sur la Convention(13 vendémiaire an IV, 5 octobre 1795), sauvant ainsi et l'Assemblée et la République. -
RÉVOLUTION FRANÇAISE
- Écrit par Jean-Clément MARTIN et Marc THIVOLET
- 29 554 mots
- 3 médias
...députés issus de la Convention soient repris. Contre ce décret dit des deux tiers, une campagne de presse très virulente se déclenche, notamment à Paris. L'affrontement entre royalistes et républicains se produit enfin le 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795) pour décider du sort du pays. Certes, vingt-cinq...