PRAIRIAL AN III JOURNÉE DU 1er (1795)
Le 12 germinal an III (1er avril 1795), la Convention est bloquée par une insurrection des faubourgs Saint-Marcel et Saint-Antoine aux cris de « Du pain et la constitution ! ». L'abolition du maximum a entraîné une hausse vertigineuse des prix : celui de la livre de pain ne cesse de monter. Les boulangeries distribuent avec difficulté deux cent cinquante grammes de pain par jour et par personne. Peu soucieux d'être payés en assignats complètement dévalués, les paysans préfèrent garder leurs stocks. Inflation, chômage et disette frappent la population parisienne. Une nouvelle émeute éclate le 1er prairial (20 mai). La veille, les habitants des faubourgs n'ont reçu que soixante grammes de pain. De là l'idée que les Conventionnels, gagnés aux idées royalistes, veulent faire mourir le peuple de faim et que seul le rétablissement de la Constitution de 1793 écarterait ce péril. En conséquence, la foule envahit la salle des séances de la Convention, assassine le député Féraud, dont la tête est présentée au bout d'une pique au président Boissy d'Anglas. Aidés des derniers Montagnards (les Crêtois), dont le mathématicien Romme, député du Puy-de-Dôme, les émeutiers font décider la mise en vigueur de la Constitution de l'an I et l'établissement d'un nouveau comité de salut public sous le nom de Commission exécutive. Mais la garde nationale, venue des quartiers du Centre, balaie les insurgés. La Convention réagit en décrétant d'accusation les Crêtois. Traduits devant une commission militaire, ils sont condamnés à mort ; Romme se suicide. Après trois jours d'insurrection, le faubourg Saint-Antoine est désarmé par la troupe : les ouvriers doivent remettre piques, fusils et canons. L'émeute de prairial est la dernière grande insurrection parisienne de la Révolution. Jusqu'en 1830, la capitale ne bougera plus.
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Écrit par
- Jean TULARD : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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