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THERMIDOR AN II JOURNÉE DU 9 (27 juill. 1794)

À l'inverse des journées révolutionnaires du 10 août 1792 ou du 2 juin 1793, le peuple n'eut aucune part dans la journée du 9 thermidor qui vit la chute de Robespierre. On a pu dire que le 9-Thermidor correspondait à un simple changement de majorité parlementaire.

Robespierre a succombé en effet devant une coalition hétéroclite qui comprenait d'anciens représentants en mission rappelés en raison de leurs excès par le Comité de salut public (Fouché, Tallien, Barras), des députés du centre (Boissy d'Anglas), des membres du Comité de salut public (Carnot, Billaud-Varenne, Collot d'Herbois), du Comité de sûreté générale (agacé par la création au Comité de salut public d'un bureau de police concurrent dominé par Robespierre) et du Comité des finances (Cambon), d'anciens dantonistes enfin (Legendre). La nausée de l'échafaud, à la suite de la loi du 22 prairial qui aggrave la Terreur, la crainte de voir Robespierre établir une dictature à son profit, la peur de certains conventionnels plus ou moins corrompus ont joué un rôle dans la formation de cette coalition. Robespierre en a permis la formation en s'abstenant pendant plusieurs semaines de paraître à la Convention et au Comité de salut public, ulcéré par les critiques de ses collègues et par l'exploitation par Vadier du complot de « la mère de Dieu », une prophétesse qui annonçait la venue d'un nouveau messie (messie identifié à Robespierre par la police du Comité de sûreté générale).

Le 8 thermidor (26 juill. 1794), Robespierre prend l'offensive à la Convention. Il dénonce le complot des députés corrompus, mais sans préciser le nom de ceux qu'il vise. Subjuguée, l'assemblée décrète l'impression du discours et son envoi en province. Mais, Robespierre parti, elle rapporte son décret à la demande de Collot d'Herbois et de Cambon. L'échec n'est que relatif pour Robespierre. Lorsqu'il relit son discours le soir aux Jacobins, il est ovationné, cependant que le public chasse Billaud-Varenne et Collot d'Herbois.

La partie décisive se joue à la Convention le 9 thermidor. À peine Saint-Just est-il monté à la tribune qu'il est interrompu par Tallien. Préparée pendant la nuit, l'offensive parlementaire se développe contre Robespierre. Lorsque l'Incorruptible veut se défendre, sa voix est couverte par les cris. La Convention décrète son arrestation ainsi que celles de Saint-Just, de Couthon, de Lebas et d'Augustin Robespierre. Rien n'est encore perdu pour Robespierre. Le Tribunal révolutionnaire n'a-t-il pas acquitté Marat jadis ? La commune de Paris, épurée de ses éléments hébertistes et passée avec le maire Fleuriot-Lescot dans le camp robespierriste, s'insurge et délivre contre son gré Robespierre. Réaction de la Convention : elle met Robespierre et ses partisans hors la loi. L'Incorruptible et ses amis délibèrent à l'Hôtel de Ville. Mais ils ne sont pas rejoints par les sans-culottes, démoralisés depuis l'éviction des Enragés et mécontents de la trop stricte application du maximum des salaires alors que le maximum des prix n'est pas respecté. La Convention rassemble, sous l'énergique impulsion de Barras, des forces qui encerclent les insurgés. À deux heures du matin, Robespierre, la mâchoire fracassée dans des conditions mal éclaircies, Saint-Just et Couthon tombent aux mains de la Convention. Ils sont guillotinés sans jugement, étant hors la loi, dans la journée du 10. Le peuple n'a pas bougé. Des cris de « Foutu le maximum ! » se font entendre au moment de l'exécution.

La chute de Robespierre entraîne la fin de la politique démocratique et égalitaire de la Révolution. La victoire revient aux députés modérés, aux spéculateurs aussi, à tous ceux que l'on désignera sous le nom de [...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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