TISO JOZEF (1887-1947)
Né dans une famille modeste de villageois, Tiszo Jozef (il écrit son nom à la hongroise jusqu'en 1918) est ordonné prêtre en 1910. Étudiant brillant, il part pour Vienne où il devient docteur en théologie. Il est marqué alors, comme Hitler, autre « Viennois », par la personnalité du professeur et homme politique autrichien Lueger, puissant organisateur et démagogue antisémite. Aumônier militaire en 1914, il se rend sur le front russe puis en Slovénie, où le mouvement national chrétien de Korošec l'impressionne durablement. Il se fait l'avocat de l'économie de guerre et du militarisme dans ses articles du Nyitramegyei szemle en 1916. Professeur de théologie à Nitra en 1918, l'ex-secrétaire du comte Batthanyi reste longtemps partisan de la Grande Hongrie et de sa culture. Ce n'est qu'en 1919 qu'il quitte le Parti chrétien social hongrois pour le nouveau Parti populaire chrétien slovaque entièrement dominé par le père A. Hlinka et par le clergé slovaque.
Tiso en devient très vite l'idéologue et le tribun. Il marie le solidarisme chrétien des encycliques de Léon XIII et de Pie XI et les enseignements de saint Ignace de Loyola avec un nationalisme d'autant plus ombrageux que l'autonomie promise par Masaryk en juin 1918 (déclaration de Pittsburgh) reste lettre morte. Le fougueux rédacteur en chef du journal Nitra, devenu en 1924 doyen et inspecteur ecclésiastique à Bànovce, en appelle aux Slovaques émigrés (voyage aux États-Unis) et à l'Italie, dont il copie les fasci (en créant la Rodobrana). Ses positions antitchèques lui valent alors de nombreux séjours en prison. Il est libéré en 1925 et devient député avec vingt-deux autres populistes (ludàci) ; de 1927 à 1929, il est ministre de la Santé. Auteur de l'Idéologie du Parti populaire slovaque (1930), il réalise l'union des autonomistes slovaques en 1932 et s'assure du soutien de 50 à 52 p. 100 des électeurs slovaques.
En 1938, il mène de front les négociations avec Beneš et avec les partis pronazis des minorités nationales, avec lesquels il est en contact dès 1935. Pendant l'été, il combat la mobilisation contre l'Allemagne et commence à prôner le slovaquisme intégral contre l'État tchécoslovaque. À la mort de Hlinka, Tiso devient le président et le « guide » du Parti populaire slovaque de ce dernier. Avec lui, l'élément cléricalo-corporatiste et gradualiste prévaut sur l'élément pronazi et prohongrois.
Président du gouvernement autonome slovaque après Munich, il fait du Parti populaire le parti unique. Après le coup de force du 6 octobre 1938, il est le seul maître du pays et s'entoure d'une diète où ne siègent que ses partisans et le Deutsche Partei. Il supprime toutes les libertés démocratiques, mais doit céder en novembre 1938 une partie importante du pays à ses voisins hongrois, polonais, et même à l'Allemagne, qui s'appuie alternativement sur la Hongrie et sur lui. Le 10 mars 1939, le gouvernement tchécoslovaque déliquescent le démet de ses fonctions en recourant à une intervention militaire. Hitler force la main à Tiso réfugié dans un monastère de Bratislava, l'enlève quasiment, le fait venir à Berlin et l'oblige à brûler les étapes.
Tiso, président de la République slovaque fondée le 14 mars 1939 sur l'ordre de Hitler, se place sous la protection de l'Allemagne et envahit avec elle la Pologne en septembre 1939. Après la rencontre de Salzbourg (29 juill. 1940) entre Hitler, les pronazis du parti du président et Tiso lui-même, celui-ci se maintient au pouvoir au prix de l'adoption explicite de l'idéologie nationale-socialiste et de la participation à la guerre contre l'U.R.S.S. et les démocraties occidentales. Prêcheur écouté d'un peuple très croyant, Tiso parvient à conserver l'aspect clérical du régime tout en donnant[...]
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Écrit par
- Vladimir Claude FISERA : docteur de troisième cycle, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, diplômé de l'École nationale des langues orientales, chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études
Classification
Autres références
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TCHÉCOSLOVAQUIE
- Écrit par Marie-Elizabeth DUCREUX , Michel LARAN et Jacques RUPNIK
- 12 946 mots
- 10 médias
...Parti communiste est interdit. L'autonomie a été proclamée en Slovaquie le 6 octobre 1938 à ̌Zilina. Le nouveau gouvernement de Bratislava est dirigé par Mgr Tiso (1887-1947), ultraconservateur et clérical, qui laisse les mains libres à la garde baptisée du nom de Hlinka (mort en août). En décembre 1938,...