SAMARANCH JUAN ANTONIO (1920-2010)
Homme de pouvoir ambitieux, diplomate averti maniant à la perfection le compromis, Juan Antonio Samaranch fut sans doute, après Pierre de Coubertin, le dirigeant le plus influent du mouvement olympique, sur lequel il régna durant vingt et un ans. Néanmoins, il est impossible de dresser son bilan sans évoquer les zones troubles de sa vie, notamment ses sympathies franquistes. La plupart des chantiers qu'il mit en œuvre durant son mandat de président du Comité international olympique (C.I.O.) – renforcer l'unité du mouvement olympique, ouvrir les Jeux aux meilleurs athlètes, y compris aux professionnels, donner une réelle place aux femmes sur les terrains sportif et administratif, lutter contre le dopage – furent des réussites. Mais, pour certains, le « marquis » a vendu les quelques restes de l'héritage du « baron » aux marchands du Temple, sur l'autel de la toute-puissance de l'argent : sous sa présidence, les revenus du C.I.O. furent multiplié par cent !
Né le 17 juillet 1920 à Barcelone d'un père qui a fait fortune dans le textile (confection de couvre-lits), Juan Antonio Samaranch se consacre d'abord à l'entreprise familiale, avant de mener de front une carrière de dirigeant sportif et d'homme politique. Ainsi, il intègre le Comité olympique espagnol en 1956 – il en sera le président de 1967 à 1970. Par ailleurs, ce Catalan qui ne cache pas son admiration pour le général Franco devient en 1954 conseiller municipal de Barcelone. C'est le début d'une carrière politique qui le verra secrétaire d'État aux Sports du Caudillo de 1967 à 1970, puis président du Conseil provincial de Catalogne de 1973 à 1977. Après la mort de Franco, il est ambassadeur à Moscou de 1977 à 1980 ; ce fin diplomate noue à ce poste de multiples relations qui lui serviront par la suite à actionner ses réseaux.
Juan Antonio Samaranch intègre le C.I.O. en 1966, devient son responsable du protocole en 1968, puis est membre de la commission exécutive en 1970 et vice-président en 1974. Le 16 juillet 1980, il est élu président du C.I.O., succédant au lord irlandais Michael Morris Killanin. À ce moment, le mouvement olympique est moribond : les Jeux de Moscou se voient boycottés par soixante-deux pays à l'appel du président des États-Unis, Jimmy Carter, et le C.I.O. ne constitue plus qu'une institution sans influence, otage des politiques. Il va profondément le réformer. Dès 1981, lors du congrès de Baden-Baden, le C.I.O., jusque-là très misogyne, coopte deux femmes ; lors de ce même congrès, Samaranch se prononce pour la suppression du mot « amateurisme » de la Charte olympique et relance l'idée de la création d'un Musée olympique, lequel ouvrira ses portes à Lausanne le 23 juin 1993. Si Samaranch ne peut éviter le boycottage des Jeux de Los Angeles en 1984 par l'Union soviétique et ses satellites, il lance, en 1985, avec son ami Horst Dassler, le programme T.O.P. (The Olympic Partners), qui réunit les sponsors et est destiné à multiplier les revenus financiers des Jeux. Il décide de l'alternance des Jeux d'hiver et d'été à partir de 1994, afin de donner aux premiers une meilleure visibilité et d'en dégager une plus forte rentabilité. En 1992, les Jeux se tiennent à Barcelone, chez lui. Le grand objectif qu'il s'était fixé, redonner au mouvement olympique son unité, est atteint : le temps des boycottages est révolu, et les professionnels participent officiellement aux compétitions. Il devra par la suite s'attaquer à un nouveau fléau : le dopage. Il propose, le 20 août 1998, la création d'une Agence mondiale antidopage, qui deviendra réalité le 10 novembre 1999 et dont le siège se trouve à Lausanne. Lorsqu'il transmet le flambeau à son successeur, le Belge Jacques Rogge, le 16 juillet 2001, le C.I.O. est devenu[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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BACH THOMAS (1953- )
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