CUEVA JUAN DE LA (1550?-? 1610)
Poète et dramaturge espagnol né à Séville, qui, en 1577, après un séjour au Mexique, revint définitivement en Espagne. Le lyrisme de Juan de la Cueva est d'abord marqué par l'influence de Pétrarque dont il se détourne ensuite (Flores de varia poesía, Coro de romances historiales). L'allégorie et le genre épique lui inspirent le Viaje de Sannio (1585) et Conquista de la Bética (1603). Los Amores de Marte et Llanto de Venus en la muerte de Adonis reprennent des thèmes mythologiques. Ses quatorze Comedias y tragedias (1588) avaient toutes été représentées à Séville entre 1579 et 1581. La principale innovation de ce répertoire est d'introduire des thèmes tirés du Romancero et des chroniques castillanes (La Muerte del Rey don Sancho, Los Siete Infantes de Lara, La Libertad de España por Bernardo del Carpio) ainsi que de l'histoire contemporaine (El Saco de Roma y muerte de Borbón). Par le renouvellement des sources, par son rejet des unités aristotéliciennes, par le mélange du tragique et du comique, par la réduction des cinq actes classiques à quatre, par l'emploi d'une métrique variée, Juan de la Cueva a ouvert la voie au théâtre foisonnant de Lope de Vega ; il est l'un des principaux précurseurs de la grande époque de la comedia. Hormis quelques pièces inspirées par l'antiquité gréco-latine (La Tragedia de Ayax Telamón, Libertad de Roma por Mucio Scévola, La Muerte de Virginia), il écrivit des comédies de mœurs (El Viejo enamorado, La Constancia de Arcelina) dont la plus célèbre est El Infamador (Le Diffamateur) ; cette pièce, qui est dans la ligne de La Célestine, évoque les amours tragiques de Leucino, personnage dans lequel on a voulu voir une préfiguration du futur Don Juan de Tirso de Molina. L'œuvre fait intervenir la mythologie au milieu des ruffians, des maquerelles et des galants, aux dépens du caractère réaliste et satirique de l'observation. Dans les dernières années de sa vie, Juan de la Cueva voulut aussi être un théoricien de l'art poétique. El Ejemplar poético (1606) contient ainsi une sorte de défense et d'illustration de la comedia nouvelle, de laquelle l'auteur prétendait avec fierté, et sans doute à juste titre, avoir été un des fondateurs.
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Écrit par
- Bernard SESÉ : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española
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