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ANGELES JUAN DE LOS (1536-1609)

Franciscain espagnol, Juan de los Angeles occupa de hautes charges dans son ordre : provincial, prédicateur de l'impératrice Marie, confesseur du monastère des Descalzas Reales à Madrid. Imbu de culture classique il n'en est pas moins profondément inscrit dans la tradition mystique franciscaine (celle de saint Denis, de saint Bonaventure et de Hugo de Saint-Victor) qu'il relie à l'école rhénane (Tauler, Ruysbroek). L'amour, selon une conception néo-platonicienne, est au cœur de sa spiritualité et d'une œuvre copieuse d'où se détachent : Triunfo del amor de Dios (1590), refondu dans Lucha espiritual y amorosa entre Dios y el alma (1600), Diálogos de la conquista del espiritual y secreto reino de Dios (1595) suivi de Manual de vida perfecta (1608). Ces traités de doctrine mystique sont écrits dans un style frémissant et très pur, d'une douceur qualifiée d'angélique. En tant que prosateur fray Juan est digne d'être évoqué après l'incomparable auteur des Noms du Christ (1583), fray Luis de León. Outre les Consideraciones espirituales sobre el Cantar de los cantares de Salomón (1607), il écrivit aussi Tratado de los soberanos misterios de la misa (1604) et Vergel espiritual del ánima religiosa (1609). À l'instar de Jean de La Croix, dont il est contemporain, Juan de los Angeles est doué de qualités de discernement et de pénétration psychologique exceptionnelles. « Pénétrer au-dedans de soi » et « composer l'homme intérieur », voilà où se trouve, pour lui, le vrai chemin de la grâce. Cet affinement de la perception spirituelle et l'exigence de perfection s'allient mal chez lui avec l'énergie et le sens de l'action qui marquent la vie des grands réformateurs de son siècle, notamment de sainte Thérèse d'Avila. En réalité, Juan de los Angeles, plus que dans l'expérience de Dieu que dans la mise en œuvre pratique de son idéal chrétien, excelle surtout dans la théorie des progrès de l'âme, des difficultés qu'elle peut rencontrer ou des visions et des extases qu'elle peut goûter. C'est pour cela sans doute que, selon Pfandl, ce « maître de la contemplation » n'a guère exercé d'influence ni laissé de disciples.

— Bernard SESÉ

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

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