VALDÉS LEAL JUAN DE (1622-1690)
Né d'un père portugais et d'une mère andalouse, Valdés Leal apprit son métier de peintre à Cordoue dans l'atelier d'Antonio del Castillo. Il travailla dans cette ville jusqu'en 1653. Durant les cinq années suivantes, il se partagea entre Cordoue et Séville, puis s'établit définitivement à Séville en 1658. On ne lui connaît plus d'autres déplacements qu'un voyage à Madrid en 1675 et un bref séjour à Cordoue vers la même date.
L'artiste est divers et inégal. Longtemps sa renommée demeura exclusivement régionale. Les romantiques furent séduits par ses allégories macabres. L'époque moderne découvrit en lui un virtuose de la couleur. On ne saurait cependant dissimuler qu'il est parfois pesant et ampoulé, partant ennuyeux.
La partie la plus considérable de son œuvre consiste en cycles monastiques et en tableaux d'autel. Entre 1653 et 1656, il raconte la vie de sainte Claire pour les clarisses de Carmona. Les deux pièces essentielles de ce premier ensemble ont été acquises par le musée de Séville. Elles forment une étonnante antithèse. À la grave procession des religieuses et des novices, défilant devant la sainte portant la custode, s'oppose une scène légendaire traitée avec une fougue véhémente : la prétendue défaite des Sarrasins attaquant le couvent.
Entre 1654 et 1658, Valdés Leal exécute pour les carmes déchaussés de Cordoue un vaste retable à sujets bibliques relatifs aux vies d'Élie et d'Élisée. Demeurées en place, ces compositions comportent de beaux paysages.
En 1657, c'est un nouveau cycle réalisé cette fois pour le monastère de San Jérónimo de Buenavista à Séville : tantôt des compositions frémissantes aux couleurs vives, tantôt de longues figures solitaires de saints hiéronymites. Le musée de Séville n'a su retenir que quelques-uns de ces tableaux, alors qu'il possède la totalité d'un autre cycle, celui-là fort médiocre, relatif à la Vie de saint Ignace (1674-1676).
L'art baroque de Valdés Leal se signale aussi par une incomparable virtuosité dans le traitement du macabre, qu'il s'agisse de la représentation de têtes coupées — saint Jean-Baptiste et saint Paul — ou de la peinture de Vanités. Les plus célèbres de ces dernières furent livrées en 1672 à Miguel de Mañara pour l'église de l'hôpital de la Charité à Séville. Elles évoquent la mort inévitable (In ictu oculi) et la vanité de la chair et du monde (Finis gloriae mundi). Le métier, l'imagination, la poésie noire, tout concourt à assurer le succès de ces chefs-d'œuvre insolites.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Marcel DURLIAT : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail
Classification
Média
Autres références
-
ANDALOUSIE
- Écrit par Michel DRAIN , Marcel DURLIAT et Philippe WOLFF
- 10 381 mots
- 17 médias
La génération suivante, dominée par Murillo (1618-1682) et Valdés Leal (1622-1690), offre la même variété et la même richesse. Pour reprendre la terminologie de M. Paul Guinard, l'un est le « baroque de la grâce », l'autre le « baroque de la violence ». Ils sont d'ailleurs d'une importance inégale....