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RUIZ DE ALARCÓN JUAN (1580 env.-1639)

Dans l'histoire de la comedia espagnole au Siècle d'or, Ruiz de Alarcón fait partie, avec Guillén de Castro, Mira de Amescua, Vélez de Guevara et Tirso de Molina, de ce qu'on a appelé le cycle dramatique de Lope de Vega. Un esprit nouveau l'inspire cependant, fait de sobriété, de sens pratique, de scepticisme, d'ironie, et marqué par une philosophie morale un peu désabusée. On remarque surtout les qualités psychologiques de ce théâtre, non dépourvu parfois d'une certaine préciosité et que ne soulèvent pas de grands souffles lyriques. Pedro Henríquez Ureña faisait observer qu'Alarcón était, dans un siècle bruyant, un tempérament en sourdine. Et Menéndez y Pelayo, dans son Histoire de la poésie hispano-américaine, le caractérise ainsi : « Sa gloire principale sera toujours d'avoir été le classique d'un théâtre romantique, sans briser la formule de ce théâtre et sans diminuer les droits de l'imagination en l'honneur de préceptes étroits ou d'un dogmatisme éthique ; d'avoir trouvé d'instinct ou par l'étude ce point presque imperceptible où l'émotion morale parvient à être source d'émotion esthétique... »

Une double carrière

Juan Ruiz de Alarcón, né à Mexico, descendait par sa mère, doña Leonor de Mendoza, d'une illustre famille espagnole. Son père, don Pedro Ruiz de Alarcón, d'une noble famille de Cuenca, marié à Mexico, prenait part à l'exploitation des mines de Tasco. Après avoir commencé ses études à Mexico, c'est à Salamanque qu'Alarcón prend ses grades de bachelier, à Séville en droit canon, puis en droit civil. Après avoir exercé la profession d'avocat sans en avoir encore le titre, il obtient son grade de licencié en droit de l'université de Mexico en 1609. On le retrouve à Madrid à partir de 1615, où il brigue une charge à la Cour. Il entreprend alors une carrière littéraire animée, qui se poursuit pendant une dizaine d'années. Ami et peut-être même collaborateur de Tirso de Molina, il se tint à l'écart de Lope de Vega. Protégé par don Ramiro Núñez Felipe de Guzmán, gendre du comte-duc d'Olivares, il est nommé rapporteur intérimaire au Grand Conseil des Indes (1626), puis rapporteur titulaire (1633). Ayant abandonné la carrière dramatique, pourvu d'une relative aisance, s'étant retiré du monde avec une certaine amertume, Alarcón mourut à Madrid.

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

Classification

Autres références

  • COMEDIA, Espagne

    • Écrit par
    • 2 605 mots
    ...Le jeune Calderón de la Barca y affûte une nouvelle dramaturgie, rapide, brillante, ponctuée de coups de théâtre (Dame ou fantôme, 1629). Le Mexicain Ruiz de Alarcón morigène la folle jeunesse qui se croit tout permis (Vérité suspecte, source du Menteur de Corneille). Lope de Vega garde toujours...