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JUDA DE RATISBONNE dit JUDA LE PIEUX (1150-1217)

Le maître le plus éminent du mouvement piétiste rhénan. Juda vécut quelque temps à Spire, mais passa la plus grande partie de sa vie à Ratisbonne. En dehors des légendes colportées à son sujet, on ne connaît que peu de détails sur son existence. Ce silence est volontaire : Rabbi Juda ou Juda le Pieux ne signait pas ses livres de son nom, de peur que ses enfants n'en tirent de l'orgueil ; et même ses disciples directs, tel Rabbi Abraham ben Azriel, ont respecté sa consigne en ne le désignant que par des anagrammes ou acrostiches de son nom.

Ses disciples, dont le plus important fut Rabbi Éléazar ben Juda de Worms, contribuèrent pourtant à la diffusion de sa pensée. Bien qu'il n'ait pas rédigé d'ouvrage halakique relevant du genre de la Halakah, les solutions que préconise Juda ont cependant profondément marqué les « décisionnaires » ashkénazes qui l'ont suivi. Ses deux œuvres principales en théologie sont un Sefēr ha-Kabōd (Livre de la Gloire) et un important commentaire sur les prières. De ces deux ouvrages, qui semblent avoir été considérables, il ne subsiste que des fragments. Abraham ben Azriel dans son Arūgat ha-Bosem, collection de poésies liturgiques, et Moïse Taqū dans son écrit polémique Kětab Tamim transmettent l'écho de cette méditation centrée autour du thème de Kabōd (Gloire divine).

L'écrit principal qui nous est parvenu de Juda est le Sefēr ḥasidim, véritable somme éthique où la vie sociale des Juifs allemands, avec toutes leurs préoccupations, se trouve évoquée. D'autres textes (si l'on met de côté ceux qui lui ont été attribués de manière pseudo-épigraphique) sont dispersés dans le reste de la production littéraire des ḥasidim allemands. Si la recherche contemporaine a été conduite à nuancer l'image qu'on se faisait naguère de ce mouvement en constatant qu'il existait, en dehors du groupe de la famille des Kalonymides, d'autres cercles, tel celui de Kerūb ha-Meyūhad (chérubin particulier), qui possédait sa littérature et sa théologie particulières, il n'en demeure pas moins que les Kalonymides et, en tout premier lieu, Rabbi Juda ben Ḥasid ont bien représenté le noyau central du mouvement piétiste rhénan à son âge d'or, entre 1140 et 1217.

— Roland GOETSCHEL

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Écrit par

  • : professeur des Universités, directeur du département d'études hébraïques et juives de l'université de Strasbourg-II, professeur associé à l'Université libre de Bruxelles

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