JUDAÏSME Histoire des Hébreux
L'époque classique antique (540 av. J.-C.-125 apr. J.-C.)
Alors que l'époque biblique est centrée sur la terre de Canaan, où Israël connaît une existence politique de plus de huit siècles, l'époque classique concerne les Juifs d'une diaspora déjà constituée autant que ceux du pays d'Israël. Alors qu'auparavant seul l'Orient était en relation avec Israël, c'est maintenant l'Occident gréco-romain qui se heurte à ce dernier et donne à son histoire une dimension universelle. Les Hébreux, qui jusque-là étaient assiégés par le polythéisme, voient alors leur religion s'affermir et entrer dans une période d'expansion. La vision chrétienne de l'histoire réserve à cette période le terme de « judaïsme », un judaïsme qu'elle estime révolu à l'avènement du christianisme ; pour les juifs, au contraire, le terminus ad quem de cette période est exclusivement politique.
Le Second Temple, la tutelle perse et hellénistique
À la suite de l'édit de Cyrus, des convois d'exilés rentrent en terre d'Israël. Les nouveaux arrivants se heurtent aux populations locales, malgré la protection lointaine des Perses Achéménides. Les terres abandonnées sont remises en culture, des maisons sont bâties dans un périmètre restreint autour de Jérusalem. Le culte sacrificiel reprend sous le grand prêtre Jésus, avant même la reconstruction du Temple, préconisée par le prophète Zacharie. Cette communauté est déchirée par la lutte entre propriétaires terriens et journaliers, entre créanciers et débiteurs insolvables asservis. Des réformes sont menées à bien, sur le plan social par Néhémie, envoyé du Grand Roi, sur le plan religieux par Ezra le Scribe. L'assemblée de la Porte des eaux adopte les règlements constitutifs dits Teqanot-Ezra, en vertu desquels le régime monarchique disparaît. On désigne parfois du terme de nomocratie le système adopté par les Juifs du Retour : la loi religieuse devient la loi de l'État dont le chef est le grand prêtre, assisté par une assemblée dite Grande Synagogue, institution souvent évoquée mais que l'érudition contemporaine cerne malaisément. Les sessions de l'assemblée sont espacées ; un conseil restreint, les nobles de Judée, constitue un sénat permanent. Le pays s'appelle – d'après les monnaies et les papyrus d'Éléphantine – Yehūd, Judée. Il demeure sous la tutelle perse jusqu'à la conquête d'Alexandre le Grand (332). La suzeraineté appartient ensuite aux rois hellénistiques, Lagides d'Égypte ou Séleucides de Syrie. On sait peu de choses sur cette longue période : au départ, Yehūd est une colonie juive vivant à Jérusalem et dans les alentours ; l'arrière-pays, dévasté, lui est disputé par les Samaritains ; au terme de cette période, une population nombreuse vit dans cités et villages à travers tout le pays et sa richesse suscite les convoitises étrangères ; la pratique et la connaissance de la Loi sont fortement enracinées, jusque dans les couches paysannes. L'écriture carrée dite assyrienne a remplacé l'ancienne écriture dite hébraïque en usage depuis Moïse et gravée sur la pierre et l'argile à l'époque royale.
À la fin du iiie siècle, la civilisation hellénistique s'introduit en Judée, où l'on construit des cités grecques telles que Marissa, où l'on étudie les auteurs grecs, où des écoles s'ouvrent sur le modèle grec, comme celle de Jésus fils de Sira, l'auteur de l'Écclésiastique.
Devant l'ascension de la puissance romaine en Orient, le suzerain séleucide Antiochus IV Épiphane cherche à créer un empire hellénistique. Il impose par édit la religion grecque en Judée, avec l'accord du grand prêtre hellénisant Jason, bientôt supplanté par Ménélas. Le Temple est consacré à Zeus Olympien et la pratique[...]
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Écrit par
- Gérard NAHON : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)
Classification
Médias
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