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JUDAÏSME Histoire du peuple juif

Le mot Juif (ancien français Juiu, Juieu), dérivé du latin Judaeus (grec Ioudaïos), issu de l'hébreu Yehūdī, désigne primitivement les ressortissants du royaume de Juda (940 à 586 av. J.-C.) dont une première mention biblique est faite dans le IIe Livre des Rois (xvi, 6). Par la suite, ce terme s'appliqua au peuple d'Israël dans son ensemble. Après la fin de l'État juif antique, encore que des agglomérations juives aient subsisté dans le pays (en Galilée surtout) à toutes les époques, le peuple juif vit dispersé parmi les nations ; mieux, il partage leur vie, et la notion même de peuple juif serait sujette à contestation, impliquant de soi une prise de position. Définir des périodes englobant les histoires des Juifs de pays multiples revient en effet à postuler qu'il existe entre elles des relations et que chacune de ces histoires appartient à un ensemble national. Un millénaire durant, cette histoire a pour théâtre principal l'Orient, berceau du judaïsme. Par la suite, vers 1200, malgré le bouleversement des croisades d'une part, de la destruction par les Almohades de l'ensemble des communautés juives de l'Occident musulman d'autre part, le peuple juif a créé une société originale – enclave tolérée au sein d'une chrétienté parfois intolérante et d'un islam sujet à des crises meurtrières –, la communauté juive occidentale. Cette société possède des institutions démocratiques, développe une civilisation voisine de celle qui l'environne, et pourtant différente. Au gré des expulsions, persécutions et massacres, la communauté se déplace d'Orient en Occident et d'Occident en Orient. Les foyers prestigieux de la France, de l'Allemagne et de l'Espagne médiévales, déracinés au xive et au xve siècle, resurgissent en Pologne et en Turquie au xvie siècle, portant à maturité une culture allemande et une culture espagnole nourries du terroir perdu. Le Moyen Âge juif se prolonge jusqu'au xxe siècle dans plusieurs pays, mais il recule en Occident où les groupements juifs les moins peuplés obtiennent une émancipation juridique censée conduire l'histoire juive à son terme : l'intégration des Juifs dans leurs pays respectifs. Dès 1880, la guerre faite aux Juifs par l'antisémitisme entraîne une redistribution géographique des masses juives, la destruction du judaïsme d'Europe orientale, la renaissance d'une nation pourvue d'une base territoriale, linguistique, politique enfin, l'État d'Israël. À elle seule l'histoire contemporaine impose la notion de peuple juif : s'il n'est de génocide que de peuples, il n'est pas de libération nationale sans peuple pour la réaliser. En fait, dès ses origines, l'historiographie hébraïque est nationale : elle constitue même la première définition d'une nation.

Le développement présenté ici limite son éclairage aux aires géographiques qui furent déterminantes pour l'histoire juive : il ne traite ni des Juifs de Chine, ni des principautés juives médiévales du Yémen, ni même des agitations messianiques purement locales. L'histoire juive des deux millénaires de l'ère chrétienne est œcuménique : celle qui est présentée ici émerge de myriades de communautés minimes ou majeures, plus ou moins connues de l'historien. On ne fera qu'en esquisser les lignes de force ; d'autres articles de cette encyclopédie, de larges indications bibliographiques et les archives et bibliothèques locales ou nationales pouvant en fournir le complément et, parfois, l'inédit.

L'hégémonie de la Terre sainte et de Babylone

La perte de la souveraineté politique juive, après la répression par Rome du soulèvement de Bar Kokhba (135), n'entraîne pas d'éclipse du centre géographique du judaïsme. Jusqu'en 425, la Terre sainte[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

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Médias

Harun al-Rashid - crédits : Edward Gooch/ Hulton Royals Collection/ Getty Images

Harun al-Rashid

Victimes d'un pogrom antisémite, vers 1910 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Victimes d'un pogrom antisémite, vers 1910

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