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JUDAÏSME L'art juif

Les arts plastiques constituent le domaine le plus controversé – mais aussi le moins connu – de la civilisation juive. L'embarras des historiens de l'art pour définir la spécificité des créations artistiques issues de la tradition juive s'explique par l'absence, souvent évoquée, d'un style homogène, qui serait commun à toutes les œuvres issues de la tradition juive. Or, une histoire trois fois millénaire et les vastes étendues où celle-ci se déroulait – pas moins de quatre continents – peuvent pleinement justifier la grande diversification stylistique de cette production artistique. Mais au-delà de cette diversité des formes d'expression, ces œuvres se signalent par l'originalité et la spécificité des concepts dont elles sont porteuses, ainsi que par un certain nombre de créations qui ont servi de fondement à l'élaboration de l'art européen. C'est en effet au sein de la civilisation juive que fut inauguré un nouveau type d' édifice cultuel : la salle de prière ouverte à l'assemblée des fidèles, disposition adoptée jusqu'à nos jours pour toute architecture religieuse en Occident. C'est également l'art juif qui créa les premières transpositions visuelles du récit biblique, une iconographie qui demeura le thème majeur de l'art européen pendant plus d'un millénaire. Certes, des thèmes particuliers, notamment les représentations de la divinité, sont proscrits sans concession, en raison de la conception de la transcendance de Dieu, fondement même de la religion juive, dont le deuxième commandement (« Tu ne feras aucune image sculptée, rien qui ressemble à ce qui est dans les cieux, là-haut, ou sur la terre, ici-bas, ou dans les eaux, au-dessous de la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux... ») n'est qu'une application aux arts. Toutefois, l'interdiction formulée par ce commandement, il n'est pas inutile de le préciser, ne concerne que l'utilisation cultuelle des images divines, et non pas, comme on a tendance à le faire croire, toute représentation d'êtres animés. Il est vrai également que l'épanouissement de l'art juif fut souvent entravé par des conditions historiques contraignantes. Néanmoins, cent ans de découvertes archéologiques – souvent retentissantes – ainsi que cinquante ans de recherches intenses permettent aujourd'hui de tracer les grandes lignes de l'histoire d'un art dont la connaissance est aussi indispensable à la compréhension des aspects fondamentaux de l'art européen que la connaissance de la Bible l'est à celle de la culture de l'Occident.

Les patriarches

La période des trois grandes figures auxquelles la tradition attribue la fondation du judaïsme, – Abraham, Isaac et Jacob – s'étend, selon des évaluations quelque peu conjecturales, du début du IIe millénaire aux environs du milieu du xiiie siècle avant l'ère chrétienne. La critique moderne s'interroge sur l'historicité des événements qui jalonnent leur carrière, consignés dans le livre biblique de la Genèse. Étant donné le rôle fondamental que jouent les patriarches dans la littérature sacrée, dans la liturgie, dans l'imaginaire populaire, et par conséquent dans les arts, les éventuelles conclusions de la critique historique peuvent paraître d'une portée limitée. Aucun vestige archéologique ne nous est parvenu de cette période, et même les repères fournis par les fortifications de cités construites alors et mises au jour sur la rive occidentale du Jourdain par les fouilles à Dan, Hatsor, Megiddo, Gézer et Sichem ne sont pas pertinents, car les pères fondateurs du judaïsme étaient des bergers nomades, qui se déplaçaient à travers le pays de Canaan au gré d'événements naturels – sécheresse, famine, recherche de pâturages –, marquant les points[...]

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Stèle de Mésha,&nbsp;<b>IX<sup>e</sup></b>&nbsp;s. av. J.-C. - crédits : Z. Radovan/ www.BibleLandPictures/ AKG images

Stèle de Mésha, IXe s. av. J.-C.

La prétendue pyramide de Zacharie, Jérusalem - crédits : mikhail/ Shutterstock

La prétendue pyramide de Zacharie, Jérusalem

<it>Le Maître et son disciple</it> - crédits :  Bridgeman Images

Le Maître et son disciple

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