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JUDAÏSME L'art juif

La monarchie : le Temple de Salomon

Le lent processus d'infiltration – terme correspondant mieux aux réalités que celui de « conquête » – des Hébreux en Canaan eut lieu à l'Âge du fer I, d'environ 1200 à 1000 avant notre ère. L'émergence d'une civilisation rudimentaire, l'établissement de cités modestes, rapportés dans le Livre de Josué, sont confirmés par les fouilles archéologiques. Le véritable changement intervint avec l'unification des tribus sous la royauté de Saül (1020-1010), unification menée à terme par son successeur, David (env. 1004 à 965), grâce à l'acquisition de Jérusalem, la cité des Jébuséens, dont le nouveau roi fit la capitale du royaume. Centre à la fois politique et spirituel, Jérusalem devint le symbole de l'unité du peuple hébreu et le lieu du culte centralisé. La construction du Temple, entreprise à l'instigation de David et réalisée par son fils Salomon (970 à 930), ainsi que celle du palais royal attenant, avec sa grande salle hypostyle aux colonnes de cèdre, appelé la Maison de la forêt du Liban, acheva de donner à la nouvelle cité l'éclat d'une grande capitale.

Selon le Livre des Rois (vi et vii), Salomon consacra sept années de son règne à la construction du Temple. L'édifice comportait trois parties, un vestibule, ulam, une salle de culte, le Saint, ou hekhal, et le devir, appelé plus tard le Saint des saints. Bien que le texte biblique abonde en détails concernant les dimensions, toute reconstitution reste hypothétique, car aucune indication n'est donnée sur l'épaisseur des murs. Deux colonnes, nommées Yakin (ou Jachin) et Boaz, étaient placées devant l'édifice, selon l'interprétation des uns, ou intégrées à la structure du vestibule suivant le modèle des bit hilani sémitiques, selon d'autres. Malgré les nombreuses incertitudes qui subsistent quant à l'aspect réel de l'édifice, et malgré l'absence de tout vestige archéologique, la magnificence du Temple de Salomon est restée à jamais gravée dans la mémoire collective des Juifs.

L'unique vestige archéologique qui se rattache peut-être au Temple fut découvert en 1979. Il s'agit d'une grenade d'ivoire, de dimensions modestes (4,3 cm de hauteur et 2,1 cm de diamètre à la partie bombée, collection particulière, Jérusalem), qui porte l'inscription en écriture paléohébraïque « Appartenant au tem[ple de YHW]H, chose sainte pour les prêtres ». L'objet, probablement un pommeau de sceptre, est daté du viiie siècle avant notre ère. Par ailleurs, un florissant artisanat d'ivoire est attesté par les fouilles : d'importantes collections d'ivoires furent découvertes dans plusieurs centres, notamment à Samarie. Plus de cinq cents plaques sculptées et ajourées, destinées à décorer les lits, les trônes et les sièges, constituent le plus prestigieux trésor d'art somptuaire du Levant. Production locale, ou pièces importées – la question est encore ouverte –, ces ivoires apportent aussi une éclatante illustration aux descriptions du Livre des Rois concernant le mobilier somptueux du palais de Salomon (I Rois, x). Les sujets appartiennent au répertoire traditionnel de l'art égyptien, auquel se mêlent des thèmes syro-phéniciens, l'ensemble étant traité avec une grande liberté et une technique raffinée. Parmi les thèmes les plus fréquents, on relève l'« arbre sacré », des combats d'animaux, des têtes de sphinx, des lions accroupis, la vache allaitant son veau. Les pièces les plus célèbres représentent « la femme à la fenêtre », évoquant le culte d'une déesse d'amour, bien connu à Chypre. La femme à la fenêtre serait la servante de la déesse qui, à l'imitation de sa maîtresse, se montrait à la fenêtre pour solliciter le passant.[...]

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Stèle de Mésha,&nbsp;<b>IX<sup>e</sup></b>&nbsp;s. av. J.-C. - crédits : Z. Radovan/ www.BibleLandPictures/ AKG images

Stèle de Mésha, IXe s. av. J.-C.

La prétendue pyramide de Zacharie, Jérusalem - crédits : mikhail/ Shutterstock

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