JUDAÏSME L'art juif
Du baroque à l'époque contemporaine : les objets rituels
La création d'objets rituels fut stimulée d'une façon générale par les autorités religieuses. Les fêtes, avec les objets qui les servent et les ornements qui les entourent, fournirent aux communautés dispersées un cadre établi en tout lieu selon les mêmes principes, pour une vie liturgique réglée selon un rythme partout identique.
Dans le mobilier synagogal, le souvenir du Temple est omniprésent. L'armoire de la Tora, nommée aron, le rideau ou parokhet, suspendu devant celle-ci, portent les mêmes noms que leurs prototypes dans le sanctuaire biblique. D'autres objets y furent progressivement ajoutés, les grenades protégeant les extrémités des axes sur lesquels s'enroule le rouleau de la Tora ; des plaques indiquant les fêtes, que l'on suspend sur les rouleaux revêtus de leurs ornements. Parmi les objets destinés aux célébrations domestiques, il faut citer : des luminaires pour le sabbat ; des lampes à brûleurs multiples pour la fête de Hanouka (ou Hanukka) qui commémore la victoire des Maccabées sur les Séleucides ; des boîtes à aromates pour la cérémonie de clôture du sabbat ; des plats de faïence ou d'argent pour les repas de fête. Dans les familles riches, on fit confectionner des reliures revêtues du blason de la famille, des contrats de mariage décorés, des étuis précieux pour les rouleaux du Livre d'Esther. Ce patrimoine, dont la connaissance fut longtemps entravée par l'extrême dispersion des objets, devient peu à peu accessible depuis 1989 grâce à la réouverture, dans les pays d'Europe centrale et de l'Est, des archives et des musées.
Pendant le Moyen Âge, l'accès aux corporations ayant été interdit dans la plupart des pays aux artisans juifs, le véritable essor de cet artisanat ne commença qu'au xviie-xviiie siècle. Il existait néanmoins des exceptions. Les archives d'Espagne ont livré des milliers de noms de tisserands, de teinturiers, de couteliers, de potiers et d'orfèvres juifs. Mais seules quelques pièces éparses ont survécu. La plus riche production fut celle des villes italiennes, Mantoue, Venise, Gênes. On connaît aussi quelques noms d'orfèvres, tel Samson Schiff de Mannheim, actif à Trieste vers 1852-1857.
Au xviiie siècle, dans les pays germaniques, les ateliers de Francfort, d'Augsbourg, de Nuremberg, qui appartenaient à des maîtres chrétiens, travaillèrent pour des clients juifs. Selon les archives de Prague, les Juifs furent autorisés à pratiquer l'orfèvrerie dans la ville dès le xvie siècle. En Bohême, l'artisanat le plus renommé fut la broderie. L'argenterie y fleurit également, ainsi que les verres à décor peint – artisanat propre à la Bohême –, dont l'iconographie illustre les activités des sociétés de charité, fondées en 1564, à Prague.
En France, quand la Révolution abolit les corporations, les orfèvres juifs furent libres de pratiquer leur art. Ils fournissaient les hautes classes de la société, mais travaillèrent aussi pour une clientèle juive. Maurice Mayer, orfèvre de l'époque de Napoléon III, réalisa un étui de rouleau de Tora en style rococo, au décor repoussé et doré sur fond ciselé.
En Russie, l'artisanat juif fleurit surtout au xixe siècle, à Zitomir, à Kiev, à Odessa et à Moscou. En 1837, des artisans juifs participèrent à l'exposition de bijoux de Kiev. À partir du milieu du xixe siècle, la majorité des ateliers de bijoux appartenaient à des maîtres juifs. L'atelier de Sachoder, à Berditchev, se distingua sur les marchés annuels d'Odessa, de Varsovie et de Vilna (Vilnius), et exporta jusqu'en Autriche et en Turquie. Cet artisanat florissant fut interrompu par la Première Guerre mondiale, puis disparut.
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Écrit par
- Gabrielle SED-RAJNA : directeur de recherche honoraire au C.N.R.S.
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