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JUDAÏSME La religion juive

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Le judaïsme est une forme de vie religieuse dont la caractéristique essentielle est la croyance à un Être suprême, auteur – de quelque manière qu'on conçoive son action – de l'univers qu'il gouverne par sa providence ; cet Être est censé communiquer avec l'humanité par sa parole révélée, dont les destinataires privilégiés appartiennent, de naissance ou par adhésion volontaire, à un groupe particulier, objet de « l'élection divine » : « la nation d'Israël » (à ne pas confondre avec l'État, de fondation récente, qui a pris ce nom) ou, selon une désignation due à un accident d'ordre contingent, la « nation juive ». Cette religion qu'est le judaïsme, rattachée par des liens complexes à la région proche-orientale nommée la Palestine, est une réalité actuelle dont les gestes et les aspirations portent certes l'empreinte réelle des composantes d'une conjoncture historique contemporaine, mais ne peuvent se comprendre en profondeur qu'à la lumière d'une longue histoire couvrant plus de trois millénaires : le peuple juif est entré sur la voie définitivement tracée du rabbinisme à partir de 70 de notre ère, sept siècles environ après cette autre rupture qui avait marqué d'une manière aussi décisive le destin d'Israël : l'exil à Babylone. Ces deux événements correspondent à une double destruction du Temple de Jérusalem ; deux désastres cruellement ressentis mais l'un et l'autre facteurs d'orientations et d'approfondissements nouveaux, tout au long de longues périodes au cours desquelles la religion juive fut forcée de se situer face aux réalités du monde qui l'entourait et dont elle ne pouvait pas toujours éviter les influences, tandis que çà et là resurgissaient inévitablement des croyances et des pratiques anciennes que les vicissitudes du passé avaient enfouies dans l'oubli.

Israël et les origines de la foi juive

La naissance du judaïsme a suivi un processus profondément original, caractérisé, à ses débuts, par une longue série d'expériences spirituelles – ou de « révélations » pour le croyant –, dont les bénéficiaires furent les Hébreux (ou Israélites). Ces derniers étaient un groupement de tribus sémites, dont certaines avaient séjourné en Égypte et dans la péninsule sinaïtique, et qui se fixèrent sur la terre de Canaan (la Palestine) aux environs de 1200 avant J.-C. L'un des États issus de la conquête de la Palestine par les Israélites conserva son indépendance jusqu'aux premières années du vie siècle, plus précisément jusqu'à la destruction du Temple de Jérusalem, sa capitale, et l'exil à Babylone (586 av. J.-C.). Ce qu'on appela désormais la « nation juive » – à cause de la tribu de Juda à laquelle appartenaient la majorité des survivants – sut profiter de l'autonomie interne que lui laissait l'occupant perse pour reconstruire le Temple et organiser autour de lui une société restaurée. Le « second Temple » fut détruit par les troupes romaines, en 70 de notre ère. Avec lui disparaissait le centre religieux qui ralliait tout ce que le peuple juif comptait d'éléments dispersés, de la Perse à l'extrême ouest de l'Empire romain. Toutefois, les Juifs ne disparurent pas de la Palestine et les revendications des dispersés sur cette même terre ne s'éteignirent pas. On doit constamment se souvenir de ces données pour mieux comprendre la mentalité juive.

La seule source dont on dispose en la matière, l'Ancien Testament, est trop complexe et sa rédaction trop tardive pour qu'on puisse saisir exactement ce que fut le contenu de l'expérience initiale, portée au crédit de Moïse ou même des Patriarches (d'Abraham, en particulier). Il semble bien que le « Dieu de Moïse » fut une ancienne[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)

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Média

Maimonide - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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