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JUDAÏSME La religion juive

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Le retour d'exil et les débuts du judaïsme postbiblique

Le retour des exilés fut très partiel. Néanmoins, le peuple juif dans son ensemble, tant du côté des membres regroupés en Palestine que de ceux qui demeurent dispersés dans le monde méditerranéen (dans la Diaspora), présentait déjà des traits nettement marqués : les deux éléments, national et religieux, y constituent un mélange indissoluble, difficile à saisir de l'extérieur. Le juif adhère fermement à une Loi qu'il tient pour révélée à Moïse sur le Sinaï ; il confesse un Dieu, créateur de l'univers et maître de l'histoire, qui a élu Israël et l'a établi comme centre spirituel de l'humanité, autour du Temple, en plein pays de « promission » ; il veut séparer la nation élue des autres nations, qui pourraient cependant être accueillies au sein du peuple de Dieu si elles changeaient de vie, et, pour ce faire, il élabore un lot de dispositions de plus en plus minutieuses ; il observe le sabbat et respecte des interdictions alimentaires, il refuse les mariages mixtes. Bien des facteurs entretiennent l'attente et le désir d'une ère de perfection, qui verra le souverain légitime, descendant de David, rétabli en ses droits imprescriptibles : il faut mentionner surtout l'imparfaite restauration politique, la persistance de la dispersion, l'écart entre les principes énoncés et les modalités réelles de la vie. C'est peut-être à cette époque, marquée par la chute de l'Empire perse (ive siècle av. J.-C.), que commença à se préciser chez certains la croyance (stimulée par des idées iraniennes) dans la survie et dans la résurrection des morts, un jugement universel décidant à tout jamais du destin de chacun. C'est de cette période encore qu'il faut dater, semble-t-il, les premiers essais d'une liturgie de prières distincte de la liturgie du Temple et pouvant se célébrer hors de la capitale. Vers cette époque fut inauguré aussi un enseignement qui, dépassant les préoccupations exclusivement sacerdotales et sapientielles, devint une interprétation de l'Écriture visant à transmettre, en l'approfondissant, la Loi de Moïse – Loi qui devait modeler l'entière existence du juif et aviver sans cesse l'espérance messianique. Le maître en Écriture sainte et en tradition se distingue du prêtre : il s'appelle d'abord le « scribe », puis le «   rabbin ».

Après les conquêtes d'Alexandre (356-323 av. J.-C.), les diverses communautés juives du Moyen-Orient furent intégrées dans les empires des diadoques. Dès lors, le judaïsme côtoie constamment l'hellénisme. Si le second semble ne devoir aucun bien intellectuel au premier, l'influence grecque se fit sentir en plusieurs domaines de la vie juive : dans certains points de l'organisation judiciaire, peut-être également dans la réflexion morale des sages d'Israël ; probablement aussi la logique grecque a-t-elle contribué à la mise au point des règles utilisées par les docteurs pour accorder avec l'Écriture une loi orale adaptée aux circonstances. Mais bien des incertitudes demeurent.

Au judaïsme de langue grecque, surtout d'Alexandrie, on doit la traduction de la Bible dite des « Septante », ainsi qu'une littérature religieuse originale au caractère apologétique très prononcé. L'œuvre de Philon, auteur de nombreux ouvrages, propose, dans une synthèse qui fut la source et le modèle de bien d'autres, la rencontre féconde de la philosophie et de la révélation. Courant latéral par rapport au judaïsme, l'hellénisme juif joua un rôle capital dans l'origine du christianisme, qui l'intégra dans sa majeure partie, et, donc, dans la civilisation occidentale. D'autres mouvements dissidents, dont certaines des aspirations sont reflétées par les ouvrages apocryphes et[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)

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Média

Maimonide - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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