- 1. Israël et les origines de la foi juive
- 2. Le retour d'exil et les débuts du judaïsme postbiblique
- 3. Les rabbins et le Talmud
- 4. La théologie du judaïsme médiéval
- 5. La mystique théosophique et la kabbale
- 6. Résorption du messianisme et tentative d'intégration
- 7. Le sionisme et la situation actuelle du judaïsme
- 8. Bibliographie
JUDAÏSME La religion juive
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La théologie du judaïsme médiéval
La conquête arabe au viie siècle ne fut pas sans effets sur la vie propre d'une grande partie du monde juif. Les groupes minoritaires qui professaient les religions bibliques jouissaient d'un statut relativement favorable auprès des autorités musulmanes. Ainsi purent-ils participer, d'une certaine façon, à la vie sociale du nouvel État islamique. Ils jouèrent surtout un grand rôle dans la transmission au monde arabe des sciences et de la philosophie antiques. Or, tant les juifs que les autres populations réparties à l'intérieur de l'Empire musulman ne purent éviter l'impact des bouleversements divers et des remous politiques que connurent les musulmans eux-mêmes. Comme une sorte d'écho aux sectes islamiques, plusieurs sectes naquirent au sein du judaïsme, qui s'insurgèrent contre l'autorité rabbinique. Parmi elles, les groupes d'extrémistes exaltés disparurent vite. Seul se maintint le mouvement, idéologiquement plus calme, politiquement et socialement inoffensif, que l'on appelle karaïte (« scripturaire ») à cause de son rejet de la loi orale. Il s'agit là d'un corps d'opposants qui prit de plus en plus d'importance et qui, du viiieau xiie siècle, fut un concurrent sérieux pour la religion des rabbins. En fait, les karaïtes n'ont pu récuser la loi rabbinique et sa méthodologie qu'en lui substituant une législation encore plus stricte, mais moins solidement assise, puisque déduite de l'Écriture par une dialectique peu ou point tempérée par la discipline collective, qui sut, même à défaut d'un magistère unique, préserver le judaïsme rabbinique d'oscillations doctrinales trop violentes. La lutte entre les karaïtes et les « rabbanites » (ou partisans des rabbins) ne fut cependant pas stérile : la réflexion théologique, l'étude de la Bible et la philologie hébraïque connurent du coup une impulsion réelle.
Le territoire que recouvrait l'Empire musulman avait vu plusieurs religions se rencontrer et la pensée grecque s'introduire. Face à cette situation, les responsables des croyances établies eurent à prendre position. Ils durent réformer leurs méthodes de recherche et d'enseignement. C'est alors que, au sein de l'islam d'abord, puis sous son influence, naquit dans le judaïsme des pays musulmans une théologie spéculative, une véritable scolastique à visée fondamentalement apologétique : il fallait désormais que le judaïsme pût combattre l'adversaire dont il affrontait les thèses, sur son propre terrain et avec ses propres armes. À l'aide d'arguments reconnus comme rationnels, il lui importait de justifier ses propres croyances et de réfuter les positions adverses. Pour ce faire, les penseurs juifs utilisèrent des instruments conceptuels hérités de la philosophie antique (logique, physique et métaphysique), c'est-à-dire un mélange de platonisme, d'aristotélisme et de stoïcisme. Ce processus et aussi ce qui en émanait devaient beaucoup à la théologie patristique, elle-même redevable à Philon d'Alexandrie. Dans cette scolastique islamo-juive l'interférence avec les courants proprement philosophiques est constante ; aussi, les systèmes de pensée rationnelle qui se voulaient autonomes entraînèrent-ils dans leur fonctionnement, toujours à distance il est vrai, les méthodes successivement employées par les théologiens. La piété juive fut également influencée par la mystique islamique, qui lui fournit un appareil conceptuel et des thèmes de réflexion. Ces éléments nouveaux favorisaient la systématisation de la spiritualité traditionnelle inspirée de la Bible et du Talmud, sans que, pour autant, leurs excès soient acceptés.
Moïse Maimonide (1135-1204) représente le sommet de la théologie spéculative du judaïsme. Après lui,[...]
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Écrit par
- Georges VAJDA : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)
Classification
Média
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