- 1. Israël et les origines de la foi juive
- 2. Le retour d'exil et les débuts du judaïsme postbiblique
- 3. Les rabbins et le Talmud
- 4. La théologie du judaïsme médiéval
- 5. La mystique théosophique et la kabbale
- 6. Résorption du messianisme et tentative d'intégration
- 7. Le sionisme et la situation actuelle du judaïsme
- 8. Bibliographie
JUDAÏSME La religion juive
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Résorption du messianisme et tentative d'intégration
Alors que le Talmud était trop l'apanage d'une minorité d'intellectuels – il exigeait des connaissances étendues et proposait des méthodes particulièrement arides –, le « sabbataïsme », éliminé au terme d'un long et difficile processus, avait laissé ouverte la question de la direction spirituelle et irrésolu le problème d'une piété qui fût davantage à la portée des masses. Dans un tel contexte naquit, au milieu du xviiie siècle, dans la partie occidentale de l'Europe à forte population juive, le « hassidisme » (à distinguer de celui mentionné plus haut), nouveau mouvement piétiste, animé par des chefs charismatiques (les « Justes », dits « rabbins miraculeux »). Ceux-ci fondèrent rapidement de véritables dynasties dont certaines sont encore actives aujourd'hui. Les partisans du Talmud réagirent vivement ; mais on n'alla jamais jusqu'à la dissidence sectaire. À ce mouvement, le judaïsme doit un renouveau spirituel populaire, l'intériorisation des concepts kabbalistiques et la création d'une discipline de groupe en un temps où, conjointement avec l'effondrement de l'État polonais, l'organisation politique et sociale du judaïsme allait se dégradant. Par contre, il faut mettre à son passif l'apparition d'un culte de la personnalité avec les abus qui s'ensuivent, et le refus de tout contact culturel avec le monde environnant, à peine moins inflexible à vrai dire dans les milieux traditionalistes non hassidiques d'Europe centrale. Cette attitude ne pouvait qu'aggraver l'inadaptation sociale des juifs et renforcer la discrimination dont, en raison de leur simple existence, ils étaient l'objet en Russie, en Roumanie et, dans une moindre mesure, dans l'Empire austro-hongrois. Or, dès le milieu du xviiie siècle, en Europe centrale et occidentale, surtout en Prusse, la bourgeoisie juive eut tendance à s'ouvrir aux idées du siècle des Lumières : la grande déception messianique avec ses séquelles tenaces, ressentie dans une situation juridique et sociale relativement stable, fut la cause qu'on rechercha, en même temps que l'émancipation politique, l'insertion harmonieuse dans la société chrétienne. Au xixe siècle, l'évolution fut rapide. Elle avait été préparée par Moïse Mendelssohn (1729-1786) et son groupe, qui traduisirent la Bible en allemand littéraire. La propagande de ces hommes tendait à démontrer que les juifs, adeptes d'une « législation révélée » et d'une religion sans dogmes, pouvaient prétendre aux droits civiques sans renoncer à leur statut religieux original et toujours intangible. Or, dès la fin des guerres de Napoléon, les efforts des juifs en vue de leur émancipation (acquise constitutionnellement en France) s'intensifient. On jette les fondements d'une étude critique du passé juif d'où il devait ressortir qu'une fois éliminés les préjugés des siècles obscurs ce serait l'esprit de libéralisme qui pourrait résoudre le problème posé par la coexistence des juifs et des Gentils (non-juifs). On alla jusqu'à préconiser l'allègement de la liturgie et la prédication en langue nationale ; et même jusqu'à remplacer catégoriquement les espérances messianiques par la conviction vigoureusement formulée dans le progrès indéfini de l'humanité ; on en vint aussi à relâcher, sinon abandonner, les pratiques rituelles concernant le sabbat, les lois alimentaires et l'interdiction des mariages mixtes. Cette « réforme » (en France, on parle plutôt de « judaïsme libéral ») connut davantage de succès aux États-Unis, où dès le second tiers du xixe siècle émigrèrent beaucoup de juifs, venus d'Allemagne, d'Autriche, puis de Russie. La masse[...]
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Écrit par
- Georges VAJDA : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)
Classification
Média
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