- 1. Israël et les origines de la foi juive
- 2. Le retour d'exil et les débuts du judaïsme postbiblique
- 3. Les rabbins et le Talmud
- 4. La théologie du judaïsme médiéval
- 5. La mystique théosophique et la kabbale
- 6. Résorption du messianisme et tentative d'intégration
- 7. Le sionisme et la situation actuelle du judaïsme
- 8. Bibliographie
JUDAÏSME La religion juive
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Le sionisme et la situation actuelle du judaïsme
Bien des juifs, face à l'échec du messianisme surnaturel et au divorce – éclatant dans les pays de l'Est européen, atténué à l'Ouest durant la période libérale – entre Israël et la gentilité, reconnurent l'urgence d'une solution politique qui réglerait la crise à l'amiable. C'est ainsi que dans le mouvement sioniste se rencontrent des aspirations religieuses de toujours et une volonté d'« auto-émancipation » dont le ressort cesse d'être confessionnel. En 1948, lors de la naissance de l'État d'Israël sur une portion de l'ancien territoire national des juifs, ce mouvement vit la réalisation imparfaite de ses plans.
On doit se demander quelles sont les composantes de l'idéologie du judaïsme d'aujourd'hui, après la fondation et la consolidation d'un État juif souverain dont la situation demeure cependant précaire et dont l'existence même est, en partie, une conséquence de la ruine du judaïsme européen, la suite des persécutions de 1933 à 1945 et de la neutralisation du judaïsme russe, considérable numériquement, durant presque toute la période de régime soviétique.
Dans la Palestine israélienne et dans la Dispersion, on rencontre toutes les tendances. Le traditionalisme extrême, qui refuse tout compromis – sans renoncer toutefois à l'utilisation des apports de la civilisation industrielle – et qui ne s'est guère départi des pratiques liées aux structures sociales révolues de l'Europe orientale de jadis, côtoie le nationalisme areligieux et même le marxisme intégral, qui assimilent les biens spirituels du judaïsme à un héritage dont la valeur est seulement historique et affective. Mais, par le truchement du sionisme et des circonstances historiques que le judaïsme a traversées depuis la Première Guerre mondiale, des courants hier divergents se sont rapprochés, et des contrastes naguère marqués se sont estompés. Les mouvements défavorables au sionisme, comme le judaïsme réformé ou libéral, ont renoncé à leur position. La rencontre et le mélange des tendances diverses sont particulièrement perceptibles dans les groupements de jeunesse. Les croyances du judaïsme conservateur ainsi que ses institutions juridico-rituelles demeurent officiellement identiques à ce qu'elles étaient. En pratique, les observances rituelles (sabbat et lois alimentaires) sont peu rigoureusement suivies, voire partiellement ou entièrement abandonnées par la majorité, soit par désintérêt, soit en raison des obligations de la vie moderne. C'est ainsi que les impératifs d'une société industrialisée et l'absence presque totale de main-d'œuvre non juive rendent impossible, dans l'État d'Israël, l'application du Talmud. La solution à ces difficultés ne peut guère venir des représentants des tendances ou des instances religieuses, ni des orthodoxes extrémistes – pour qui l'État juif restauré par des moyens naturels n'est qu'une contrefaçon satanique de la rédemption –, ni du rabbinat traditionaliste pourvu de privilèges excessifs. Ces difficultés ne sont d'ailleurs qu'un aspect particulièrement saillant du problème spirituel et social auquel le judaïsme est affronté depuis sa lutte pour l'émancipation. La foi d'Israël conçoit les fins dernières comme devant comporter, paradoxalement, une étape de réalisation terrestre dans la restauration messianique qui ne saurait être intégrale sans être surnaturelle. Quelles que soient les difficultés qu'il rencontre, le juif doit s'adapter au milieu étranger dans lequel il vit ; cependant, la nécessité de collaborer à sa rédemption le maintient « à part ». L'expérience a constamment vérifié un dernier paradoxe. Le groupe juif n'est sauvé de la dissolution consécutive à son admission dans la population non juive que par un phénomène non moins constamment observé : la loi de saturation. Ayant atteint ou dépassé un seuil, d'ailleurs[...]
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Écrit par
- Georges VAJDA : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)
Classification
Média
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