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JUDAÏSME Les institutions

L'organisation juive contemporaine repose sur un mélange d'institutions territoriales et d'institutions non territoriales. Les structures politiques d'un pays servent alors de base, moyennant quelques aménagements, pour l'organisation des communautés locales. Mais les divisions idéologiques du judaïsme mondial constituent, elles aussi, des facteurs significatifs d'organisation, tout comme certains intérêts communs au groupe local ou national commandent divers mécanismes particuliers à celui-ci.

Typologie

Les organisations ayant une base territoriale, telles que les fédérations des communautés juives des États-Unis et du Canada, les autorités locales d'Israël ou les conseils régionaux des délégués juifs en Australie, sont les plus englobantes, avec la charge qui leur incombe de régir la communauté en tant que totalité ou sous-ensemble. Les organisations idéologiques, fonctionnelles ou fondées sur certains intérêts, telles que les synagogues ou les agences de services sociaux, s'intéressent en général aux aspects plus personnels de la vie juive. Ces deux bases de l'organisation communautaire se distinguent en tant que telles de manière reconnaissable, mais les unités concrètes ou structures spécifiques sont habituellement moins bien différenciées.

D'ailleurs, étant donné la nature du judaïsme, les organisations mêmes qui reposent sur une base territoriale ne sont pas nécessairement assujetties à des frontières bien définies. Ce mode de délimitation géographique n'est pas, en effet, très pertinent pour les juifs, lesquels, de par leur culture politique, sont amenés à envisager le problème du point de vue des Proche-Orientaux plutôt que des Occidentaux. À leurs yeux, le monde serait divisé d'après la relation réciproque entre les oasis et les déserts plutôt qu'en fonction de secteurs territoriaux bien délimités. Chaque oasis possède un noyau précis et une périphérie, qui est de plus en plus mouvante à mesure qu'elle s'évanouit dans le désert à la lisière de la zone irriguée et qui se transforme avec les changements du ravitaillement interne en eau à partir de l'oasis. Le désert lui-même n'appartient à personne ou appartient à tous. Ainsi, la périphérie peut s'élargir ou se contracter sans que soit transformé de manière significative le caractère du noyau. La loi juive aussi bien que l'organisation politique juive peuvent donc être considérées comme obéissant à ce modèle. Pour les juifs traditionnels, la première consiste en un noyau dur et immuable (la Tōrah), d'où rayonnent des réseaux d'application et d'interprétation dont chacun est relié au centre originel par-delà le temps et contribue à l'expansion de tout l'ensemble. Ainsi la culture juive en est-elle venue à considérer la loi comme exigeant un noyau fixe d'observance, entouré, à la périphérie, d'un espace à l'intérieur duquel intervient l'interprétation. Les juifs sont attachés à leur loi, mais ne se sentent pas liés par elle. L'obligation de l'observer relève, en dernière analyse, d'une responsabilité personnelle, soutenue ou renforcée par les attentes et les pressions de la communauté. Cette relation entre la loi et la culture paraît typique de la situation propre à l'ensemble formé par la terre d'Israël et le Moyen-Orient.

À l'inverse, les institutions de l'Europe occidentale ont pris forme dans des régions bien irriguées, dont les pays sont délimités de manière fixe par des frontières entre lesquelles ils se trouvent contenus. Le statut est déterminé par la réponse qu'on peut faire à la question de savoir qui est ou qui n'est pas à l'intérieur du périmètre particulier ainsi défini. Normalement, il n'y a pas, dans le monde européen, d'espace sans frontières. Aussi le noyau y est-il beaucoup moins important[...]

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Écrit par

  • : N.M. Paterson Professorship of Intergovernmental Relations, président du Jerusalem Center for Public Affairs, director du Center for Study of Federalism, Temple University, États-Unis

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