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JUDAÏSME Les institutions

L'État d'Israël et le statut personnel

En Israël, la sphère religieuse et cultuelle comprend, d'une part, les organismes d'État, d'autre part, des milliers de petites associations indépendantes. Certaines possèdent des immeubles et assument des activités autres que les services cultuels, mais la plupart se cantonnent dans le cadre des lieux de culte, en animant des cercles d'études traditionnels et en organisant des manifestations occasionnelles, telles que des soirées de musique liturgique ou des conférences d'éminentes personnalités rabbiniques. Par l'entremise du ministère des religions et des conseils religieux locaux, l'État pourvoit à une grande variété de services religieux. Les tribunaux rabbiniques, appointés et soutenus par lui, s'occupent de la plupart des aspects pratiques de la loi juive, en particulier dans les domaines intéressant le statut personnel, qui sont sous leur juridiction exclusive. Ainsi, la dichotomie israélienne est telle que les associations ou groupements ne jouent aucun rôle dans la direction de la politique juive et se trouvent confinés dans des activités religieuses strictement locales, alors que la puissante institution politique juive qu'est l'État d'Israël assure tous les autres services, directement ou par le truchement des conseils religieux qui sont l'organe des municipalités.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, des tentatives diverses et de réels progrès ont été accomplis en vue de développer des institutions de niveau mondial dans la sphère religieuse et cultuelle. Cela a donné lieu à la fondation de ligues universelles de synagogues liées aux trois branches majeures du judaïsme. Bien qu'elles aient intensifié leurs modes de présence, elles demeurent des institutions du troisième degré dans le schéma d'ensemble établi, maintenu et dirigé à partir des États-Unis ou par des Américains installés en Israël. Ces trois associations ont rejoint l'Organisation sioniste mondiale (OSM), qui les y avait incités dans le souci de renforcer sa position sur la scène juive, face à l'Agence juive reconstituée, laquelle est dominée de plus en plus par les fédérations de communautés locales. L'OSM, à son tour, a soutenu les trois mouvements mondiaux en leur fournissant la possibilité de participer à la politique juive dans le monde, ainsi que les fonds nécessaires à cet objectif sur une échelle dépassant de beaucoup ce que leurs organismes nationaux pouvaient leur accorder.

Beaucoup plus puissantes sont les organisations mondiales des ultra-orthodoxes telles que Agudath Israel, Habad (le mouvement Loubavitch) et les autres communautés hassidiques, qui relèvent originellement de la sphère religieuse et cultuelle, mais dont l'influence déborde celle-ci à l'intérieur de la plupart des autres courants. De tels mouvements sont beaucoup plus anciens que les ligues mondiales de synagogues, mais ils représentent tous, même ceux dont l'origine remonte au xviiie siècle, des phénomènes caractéristiques du xxe siècle. Le mouvement appelé Agudath Israel, fondé en 1912, sert, à bien des égards, de couverture à la plupart d'entre eux. Une fédération des organisations du camp ultra-orthodoxe s'est construite autour de trois groupes distincts d'Europe orientale : les communautés des yeshivot de Lituanie, l'ultra-orthodoxie polonaise et les tribunaux hassidiques de Hongrie et de Roumanie. Chacun de ces groupes a ses représentants à la Knesset (le Parlement) de l'État d'Israël par l'entremise du parti qu'il a choisi.

À la différence des ligues mondiales de synagogues, Agudath Israel a développé une vaste organisation de type para-politique qui s'étend à l'ensemble du peuple juif et sur laquelle le Conseil des sages de la Tōrah garde expressément la haute main, mais cela n'empêche pas une[...]

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Écrit par

  • : N.M. Paterson Professorship of Intergovernmental Relations, président du Jerusalem Center for Public Affairs, director du Center for Study of Federalism, Temple University, États-Unis

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